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21 avril 2006

Bouteflika au Val de Grâce II : le retour du mort-vivant


La version officielle de l’hospitalisation à Paris d’Abdelaziz Bouteflika - un « suivi médical de routine » - suscite de nombreuses réactions au sein de la presse française ainsi que la classe politique.

En décembre 1995, lors de la précédentes hospitalisation du président algérien, le traitement journalistique de l’évènement par la presse algérienne a été relaté dans l’article intitulé « l’obséquiosité de la presse algérienne ». Cette nouvelle « visite de courtoisie » de Bouteflika sera l’occasion pour nous de faire un tour d’horizon de la presse française.

Brusque aggravation de l’état de santé de Boutéflika

Tout comme lors de « l’affaire Khalifa », le quotidien régional le Parisien, le journal préféré des turfistes et d’Omar Charif, se trouve à la pointe de la couverture de l’événement. « On ne doit pas nous prendre pour des naïfs », affirme Bernard Debré, député UMP de Paris et chef du service urologie de l’hôpital Cochin dans les colonnes du journal. « Ce qu’on nous annonce ne cadre pas avec ce qui se passe aujourd’hui », explique-t-il. « Quand un ulcère hémorragique a été traité puis guéri, il s’agit d’effectuer un simple contrôle fibroscopique, qui peut être fait dans n’importe quel hôpital Algérien. On peut se demander pourquoi Bouteflika vient à Paris pour un contrôle aussi simple ».

La rareté des informations sur l’état de santé du président Algérien lors de son hospitalisation à Paris fin novembre avait alimenté toutes sortes de rumeurs style X-Files, Le premier ministre Ouyahia tenant le rôle du mystérieux fumeur de cigarettes et Belkhadem celui d’un Alien tout droit échappé d’un film de série Z.

On l’a vu depuis dans plusieurs grands rendez-vous internationaux, comme le naufrage du sommet de la ligue arabe à Khartoum et lors de la visite d’un autre Alien, le président russe Vladimir Poutine. Lors de l’un de ces déplacements, à Constantine, il a de nouveau soigné son image anti-francaise mise à mal par son hospitalisation au val de Grâce et sa convalescence à l’hôtel Meurice. Les braves Algériens auraient pu croire que le président « bien-aimé » servaient d’autres intérêt que le leur. Il a donc accusé la France de « génocide de l’identité algérienne » pendant les 130 années de colonisation, en omettant avidement sa politique d’arabisation et de répression policière et économique que subit au quotidien le peuple Kabyle.

Pour les journaux français, cette « sortie » virulente prouve que l’hospitalisation d’Abdelaziz Bouteflika n’était pas prévue de longue date mais qu’elle est due à une brusque aggravation de son état de santé.

« On le voit mal en effet s’en prendre aussi violemment à la France cinq jours avant de venir y effectuer un contrôle médical au risque d’être moqué par des Algériens incrédules face à une telle contradiction », écrit Libération. « les sources crédibles s’accordaient sur un diagnostic : cancer de l’estomac », toujours selon libération.

Selon Le Figaro, cette nouvelle hospitalisation serait la troisième depuis l’intervention chirurgicale de l’hiver dernier.

Ces « fréquentes visites accréditent la thèse d’une maladie beaucoup plus grave qu’un simple ulcère, un cancer de l’estomac », estime Le Parisien.

Par contre il est à noter le « silence assourdissant » du quotidien Le Monde sur cette affaire. Il est vrai que la rédaction de ce journal ne s’est jamais donné la peine de répondre aux accusations « publi-reportage » favorable aux dirigeants Algériens portées par le quotidien Algérien La liberté. Mais ça doit être réellement épatant de diriger un journal, subventionné par l’État français, par l’État algérien, de vendre son journal très cher avec plein de pages de pub dedans. Accessoirement ça fournit un job à Colombani Junior.

Langue de bois des autorités françaises.

Contrôle « postopératoire » et visite prévue de « longue date », affirme Alger. « Suivi médical prévu de longue date », renchérit Paris à l’unisson. Du Quai d’Orsay au ministère de la Défense en passant par une « source médicale » (non identifiée), la messe est dite : le président Algérien, 69 ans, est en France pour simple « consultation ». Le Val-de-Grâce fait mieux encore, affirmant hier « n’être pas au courant ». Seul Jean-François Bureau, porte-parole du ministère de la Défense, a laissé deviner la sensibilité du dossier en affirmant : « Nous laissons à l’ambassade d’Algérie le soin d’apporter des précisions ».

Cette langue de bois des autorités françaises (voir aussi « Chirac-Bouteflika : Et soudain un nain connu vous offre des fleurs ») a permit en définitive laisser le champ libre à la classe politique de monter au créneau et c’est Jean-Marie Lepen qui tire le premier sur les ondes de RMC. Le leader du Front national a exprimé sa colère de voir le responsable algérien soigné en France, rappelant les récentes déclarations d’Abdelaziz Bouteflika qui a dénoncé un « génocide de l’identité » algérienne lors de la colonisation française. « Je trouve scandaleux que monsieur Bouteflika se permette de dire cela publiquement et le lendemain d’être chez nous pour se faire soigner. Je ne comprends pas [qu’il] vienne se faire soigner chez les abominables colonialistes que nous sommes », a-t-il affirmé.

Deux députés de l’UMP, Nicolas Dupont-Aignan et Lionnel Lucas, ont jugé « indécent » le séjour en France du chef de l’Etat algérien. Philippe de Villiers s’est joint à ce concert en stigmatisant la « lâcheté » du gouvernement français qui s’est « refusé à commenter » la relance de la polémique sur la colonisation par Abdelaziz Bouteflika.

Contexte diplomatique tendu.

La presse française a bien souligne le contexte diplomatique tendu entre les deux pays.

Ainsi d’après Libération, « la visite à Alger du chef de la diplomatie française aura servi à une chose : montrer que le traité d’amitié avec Paris, prévu en principe « avant fin 2005 », n’était plus d’actualité pour Abdelaziz Bouteflika ».

Selon le Figaro, ces « examens médicaux » interviennent dans « une nouvelle période de tension diplomatique entre Alger et Paris ». Il est vrai que lundi dernier, à Constantine, le président algérien avait frappé fort contre la France. « La colonisation a réalisé un génocide de notre identité, de notre histoire, de notre langue, de nos traditions... Nous ne savons plus si nous sommes des Amazighs (Berbères), des Arabes, des Européens ou des Français ».

Au fait si je ne vous ai pas parlé de la presse Algérienne c’est que le week- end là-bas se déroule le Jeudi et le Vendredi. Mais j’attends avec impatience les éditorialistes qui seront sans doute « scandalisés » par l’attitude de la presse étrangère et de « l’inquiétude » que cela va susciter chez le brave Algérien de base, et va nous dévoiler, sur le ton de la confidence, que l’Algérie est victime d’un nouveau complot international des super puissances impérialo-coloniales, et que les Algériens aiment très fort leur bisounours de président ...



La Chronique du [CyberKabyle].

19 avril 2006

Chirac-Bouteflika : Et soudain un nain connu vous offre des fleurs

Vous vous souvenez peut-être, il y a plusieurs années, de cette publicité télévisée : c’était pour un parfum. Une femme s’asperge copieusement de parfum, et durant une de ses promenade, elle croise un homme qui soudain, sous l’influence supposé du parfum, est victime d’un coup de foudre , court rechercher un fleuriste, achète un bouquet et part a la recherche de la femme, avec à la fin le slogan « Et soudain un inconnu vous offre des fleurs ».

J’y ai repensé l’autre jour en revoyant Douste-Blazy ministre des affaires étrangères revenir tête basse de sa visite en Algérie. J’avais encore en mémoire ces images de la visite de Chirac en Algérie en mars 2003. Celui-ci n’avait pas hésité à enjamber une montagne de cadavres kabyles pour rendre service à son « ami » Bouteflika pour une « visite d’Etat ». Cette visite avait l’allure de « Tintin au Congo », avec ses manifestations populaires « spontanées », ses rues bardées de drapeaux français et ses quidams en quête d’un visa. Si cette visite avait lieu aujourd’hui j’aurais intitulé cet édito "Et soudain un nain connu vous offre des fleurs". D’ailleurs c’est ce que j’ai fait...

Pour rendre service à son ami Bouteflika, Chirac n’a pas ménagé ses efforts depuis lors : retour de la desserte de l’Algérie par Air France, « Année de l’Algérie en France » ( avec l’argent du contribuable français, d’origine kabyle y compris), soins médicaux gratuits pour de "petits" problèmes d’estomac ( avec l’argent du contribuable français, d’origine kabyle y compris). Le stand algérien au salon du livre payé par le contribuable français, kabyle y compris. Décidément rien n’est trop beau pour Bouteflika.

Après 3 ans de danse du ventre obséquieuse que reste il de tout ça ? Si peu si l’on en croit la presse algérienne. Ainsi Mounir Boudjema (Liberté, 15 avril 2006) dans un éditorial intitulé « Pré-carré ? » affirme que « Le huis clos avec la France est terminé » en reprenant les mots du ministre algérien des affaires étrangères : « les États-Unis d’Amérique ont plus de poids que la France en Algérie ». Le journaliste qualifie cette sortie de « redistribution de cartes sans précaution langagière ou sémantique qui traduit parfaitement l’état d’esprit des dirigeants algériens, Bouteflika en tête ».

L’éditorialiste conclut que « si Bouteflika a autorisé Bedjaoui à porter ce coup terrible à “l’arrogance” française au Maghreb, en particulier en Algérie, c’est que le président algérien sait que les rapports de force, aussi bien internes d’externes, sont en sa faveur et vont le demeurer ».

Ce point de vue est partagé par El Watan, sans les fioritures des (pseudos) "analyses" du Monde, le "quotidien français de référence". El Watan parle de « l’échec du ministre français des Affaires étrangères, Philippe Douste-Blazy ». Le quotidien présente les choses sous l’angle de la rivalité franco-américaine en rapportant que « Condoleezza Rice exhibe devant les caméras l’autre traité d’amitié paraphé voilà plus de deux siècles (1795) entre la régence turque d’Alger et les autorités américaines », rappel qualifié de « pied de nez à la France » (El Watan, 15 avril 2006).

L’éditorialiste ajoute que « l’Algérie, financièrement à l’aise, voudrait se payer une cure d’opposition à la France chez l’Oncle Sam » avant de souligner que cette initiative provient de Bouteflika lui même : « La volonté de l’Algérie de s’émanciper diplomatiquement de la mainmise française constitue la pierre angulaire de la politique étrangère de Bouteflika, qui privilégie désormais l’approche pragmatique à celle historique ».

Enfin, pour conclure ce tour d’horizon de la presse algérienne, le talentueux chroniqueur Mustapha Hammouche (Liberté, dimanche 16 Avril 2006) pose franchement la question : « À quand le traité d’amitié algéro-américain ? » Il s’amuse malgré tout du discours schizophrène des autorités algériennes en rappelant qu’« On ne sait pas où placer dans cette camaraderie le reproche qu’on leur fait d’occuper le pays frère d’Irak et d’écraser nos frères palestiniens par leur appui illimité à l’état d’Israël ».

Ensuite Mustapha Hammouche, un des plus fins analystes de la scène politique, s’interroge : « Où se situe alors le fruit de la visite de Bedjaoui à Washington ? », en apportant un élément de réponse. Il a « demandé qu’on fasse un plus grand effort, côté américain, pour que les opérateurs économiques, les industriels, les investisseurs s’intéressent à d’autres secteurs que ceux des hydrocarbures et de l’énergie ». D’où sa conclusion que devant « l’absence de résultats internes, l’activité diplomatique semble servir de thème du discours populiste ».

Le journaliste conclut finalement sur un ton doux-amer que « quand il s’agit de se glorifier et de susciter notre reconnaissance pour la place retrouvée dans “le concert des nations”, le pouvoir fait un évènement politique d’une consultation ordinaire ; et quand il s’agit d’échecs diplomatiques, il exacerbe notre ressentiment envers le partenaire défaillant ».

Finalement le bilan de Chirac sur le dossier algérien est l’image de son mandat : le néant absolu ! Comme avec la Chine, la politique du tapis rouge et le léchage de bottes est bien peu efficace diplomatiquement : cela n’inspire que mépris pour celui qui en use.



La Chronique du [CyberKabyle].

01 avril 2006

Tizi-Ouzou : le mufti superstar

Le Dr Yusuf al-Qardawi, célèbre penseur musulman, « mondialement connu » selon le quotidien Le Jeune Indépendant, était jeudi 30 mars 2006 en visite dans la capitale du Djurdjura, Tizi Ouzou, en compagnie de sa femme, à l’invitation du directeur des affaires religieuses de la wilaya (département).

Affluence.

Toujours selon le même journal « rarement une aussi grande foule a été constatée à la maison de la Culture Mouloud-Mammeri, qui ne suffisait pas à contenir une telle affluence ». Cette information est corroborée par le journaliste A. Tahraoui du quotidien Liberté qui indique qu’ « Il fallait jouer des coudes pour accéder à la maison de la culture Mouloud-Mammeri où se déroulait, jeudi dernier, la conférence » et que « pour permettre à ceux qui n’ont pu y accéder, faute de places, de suivre l’intervention du mufti égyptien, des mégaphones ont été installés à l’extérieur. » Mais ce journal souligne bien qu’« une heure avant le début de la causerie, la salle était déjà submergée par une foule compacte venue même des wilayas limitrophes » ce qui jette un doute sur le réel « intérêt que cet événement a pu susciter chez la population de Tizi-ouzou ».

L’ombre de Bouteflika.

D’autres éléments renforcent cette impression d’orchestration comme l’« escorte de gardes du corps de la présidence de la République » ainsi que la « tribune fleurie où trônaient également l’emblème national et le portrait du président Bouteflika ». De plus lorsque Yusuf al-Qardawi clame bien haut que « La Kabylie est la terre d’Islam. Elle ne peut se dissocier de l’islam comme l’islam ne peut se dissocier d’elle », cela sonne comme l’écho du discours de Bouteflika, dans cette même ville il y a quelques mois : « La Kabylie n’est rien sans l’Algérie comme l’Algérie n’est rien sans la Kabylie ».

Apologie du peuple Kabyle.

Le théologien se livre ensuite à un exercice de flatterie en commençant son discours par des « salaams agrémentés d’un azul fellawen » et en indiquant son « enthousiasme de venir en Kabylie, la terre des Amazighs, les hommes libres, qui ont embrassé l’Islam dès le premier jour. La wilaya de Tizi Ouzou a toujours été la région du Coran, des zaouïas, de la science, du soufisme et du djihad ». Il rappellera aussi l’épopée de Tarek Ibn Ziad, le conquérant de l’Andalousie, de cheikh Ahadad, de l’Émir Abdelkader, d’El-Mokrani, de l’héroïne Lala Fathma n’Soummer, femme remarquable par son courage face aux généraux français, et du colonel Amirouche qu’il cite nommément et dont l’anniversaire de la mort au combat correspond au jour de l’animation de cette conférence.

Eloge de Tamazight.

Selon le Jeune Indépendant, le « penseur » a précisé, ensuite, que la langue amazighe ne doit en aucun cas constituer un obstacle entre l’homme et sa religion. « L’islam n’ignore pas les langues des hommes... il est venu unir l’humanité. L’arabe est la langue que Dieu a choisie pour nous proposer Sa miséricorde. C’est la langue de l’islam, mais elle ne s’impose à aucun peuple. Tout au long des siècles, nous avons entendu parler d’hommes de différentes races qui se sont convertis à l’islam. La langue n’a jamais constitué une forme d’empêchement ».

Eloge de Bouteflika

Il a estimé, par ailleurs, que « le président algérien Abdelaziz Bouteflika a raison de réglementer l’exercice du culte » en faisant allusion à la nouvelle réglementation fixant les règles et conditions de l’exercice des cultes autre que musulmans qui se développent dans « certaines régions du pays ».

« Je soutiens mon frère Bouteflika dans sa démarche qui vise à unir les rangs du peuple algérien, longtemps déchiré par la fitna ( discorde ). C’est ainsi que les fondements de la nation seront maintenus. Cette démarche constitue un exemple à suivre dans les autres parties du monde musulman. »

Qatar vs Kabylie : Choc des civilisations (I)

Sur un autre plan, Yusuf al-Qardawi se dit « ahuri » par la manière dont sont vêtues les filles dans les rues de la ville de Tizi Ouzou, tout comme il s’étonne du fait que toutes les affiches et enseignes des magasins soient écrites en français, alors que, selon lui, le peuple kabyle est plus proche de l’arabe que de la langue de Molière. « Ce sont les retombées de la colonisation. Tout musulman jaloux de sa religion ne doit pas tolérer ces tenues qui portent atteinte à notre société. Il faut sauvegarder les constantes de notre peuple qui sont fondées sur l’Islam avant tout ». « Ceux qui tentent vainement l’évangélisation de cette région se trompent de société. La Kabylie ne vendra pas sa religion qui est l’Islam », clame-t-il. « Les Kabyles sont des gens qui se sont toujours battus pour l’honneur, pour leur pays et pour leurs principes. Aujourd’hui, les tentatives visant à les séparer de leur enracinement islamique se multiplient. Mais je peux vous assurer que toutes ces tentatives resteront vaines. Toutes ces zaouïas qui activent au niveau de la région et tous ces musulmans présents devant moi démontrent parfaitement que personne ne pourra vous déraciner. » « Le colonialisme est venu après votre conversion à l’Islam, mais aussi après l’affaiblissement de notre civilisation. Je crois qu’il n’a apporté que du mal à la communauté musulmane. C’est pour ces raisons que nous devons combattre ces invasions, pour préserver notre grande nation. » Yusuf Al Qardawi a poursuivi en évoquant la mobilisation des musulmans contre les caricatures attentatoires au Prophète, qui avaient été publiées au Danemark.

Islam vs Occident : Choc des civilisations (II)

« Dieu comptabilisera certainement ce bon geste et cette bonne réaction de tous les musulmans dans le monde. Mais ces réactions restent insuffisantes, dans la mesure où l’on continue de consommer des produits venant de ces ennemis de l’islam. On consomme encore leurs produits et on s’habille avec leurs vêtements, alors qu’on doit, par principe, tout boycotter. » L’hôte de la Kabylie a clamé haut et fort que les musulmans doivent obligatoirement unir leurs forces et sortir de leur long sommeil, pour pouvoir entrer dans le nouveau monde de la technologie.

« Nous devons combattre cette mondialisation en unissant nos forces, en faisant face à ces invasions chrétiennes et juives. Notre nation doit se relever. Nous n’avons plus le choix et nous pouvons réussir », assura-t-il. C’est dans ce contexte que le cheikh a déclaré son soutien au processus pour la paix et la réconciliation nationale mis en œuvre par le président Abdelaziz Bouteflika.

Avant de quitter la ville de Tizi Ouzou, les imams des zaouïas ont offert au cheikh Yusuf Al Qardawi, en guise de souvenir, un burnous berbère.

Le mufti et l’archevêque : Choc des civilisations (III)

Les journaux ne disent pas si le théologien égyptien a croisé dans la ville des Genêts l’archevêque d’Alger, Mgr Teissier. Hasard du calendrier, ce dernier se trouvait également jeudi à Tizi-Ouzou. En effet, d’après Le Soir d’Algérie, « C’est en présence de l’ambassadeur de France, de Mgr Tessier, archevêque d’Alger, du maire de Tizi-ouzou, du recteur de l’université de Tizi-Ouzou ainsi que des membres de la communauté catholique et de nombreux invités qu’a été inauguré avant- hier jeudi, la bibliothèque de la mission des Pères Blancs de Tizi-ouzou »(...)« l’archevêque d’Alger a mis en garde contre l’enfermement des croyants dans “l’univers de leur propre culture religieuse” (...) “Ensemble nous avons à affronter les mêmes défis de ce temps”, dira Mgr Tessier qui a souligné la contribution des premiers Pères Blancs pour la sauvegarde et la réhabilitation du patrimoine humain spécifique à la culture de la Kabylie. » Contrairement à son homologue mufti, l’archevêque ne s’est pas contenté de flatter les Kabyles mais a également apporté du concret, puisque la bibliothèque est un lieu « destiné prioritairement aux étudiants de l’université de Tizi-Ouzou. Le fonds documentaire de cette bibliothèque qui est en phase d’enrichissement comporte plusieurs ouvrages de référence sur le patrimoine culturel amazigh tels que la célèbre collection du fichier documentaire berbère et le premier dictionnaire de langue Kabyle réalisé en 1904. » S’il décide de prendre exemple sur son confrère catholique, on peut se demander ce qu’apportera aux Kabyles le Dr Yusuf al-Qardawi lors de sa prochaine visite : un hôpital ? Une bibliothèque islamique en tamazight ? Nous parions plutôt sur un stock de hidjabs et d’abbayas pour habiller convenablement les filles de Tizi-Ouzou.

Synthèse réalisée par Azzedine Ait Khelifa et Yidir Achouri
Sources : Liberté, Le Jeune Indépendant, Le Soir d’Algérie

Les Chroniques du [CyberKabyle].