Rechercher dans ce blog

22 septembre 2006

Le discours du Pape expliqué aux islamistes


Le discours du pape a provoqué une vive polémique en Europe et dans ce qui est appelé le monde musulman. Selon lui le christianisme aurait allié spiritualité et rationalité à l’opposé de l’Islam qui serait dépourvu de toute rationalité. Mais l’islam est il réellement dépourvu de rationalité ? Les propos de Benoit XVI sont-ils intelligibles par tous ?

Commençons par rappeler les faits.

Le mardi 12 septembre, le Pape Benoît XVI, ancien professeur de théologie, donne un cours à l’université de Ratisbonne, devant un auditoire composé de professeurs et de chercheurs. Cette conférence traite principalement des rapports de la foi et de la raison, et de la nécessité de ne pas réduire la raison à la méthodologie des sciences dures entendu dans son sens le plus restreint. Ce qu’il vise ici, bien entendu, est le statut de la théologie parmi les sciences. L’essentiel du texte discours concerne le processus de « dés-hellènisation » en cours depuis la Réforme, que Benoît XVI dénonce. Le fond de son argumentation repose sur le fait que « Dieu agit avec Logos », c’est-à-dire à la fois avec raison et par la parole.

Dans les trois paragraphes au début du discours, Benoît XVI cite et discute un argument fait par l’empereur Byzantin Manuel II Palaiologos tiré d’un dialogue qu’il avait avec un érudit persan en 1391 à propos du jihad, mais aussi des commentaires faits par Théodore Khoury, qui publia récemment le dialogue de l’Empereur auquel le Souverain Pontife se référait. Benoît XVI utilise l’argument de Manuel II pour décrire une distinction entre le point de vue chrétien, tel que l’exprime Manuel II, que de "ne pas agir selon la raison est contraire à la nature de Dieu" et du point de vue de l’islam, comme l’explique Khoury, que Dieu transcende les concepts, telle que la rationalité.

(...) « L’empereur, avec une rudesse assez surprenante qui nous étonne, s’adresse à son interlocuteur simplement avec la question centrale sur la relation entre religion et violence en général : “Montrez-moi ce que Mahomet a apporté de nouveau. Vous ne trouverez que des choses mauvaises et inhumaines, comme le droit de défendre par l’épée la foi qu’il prêchait”. L’empereur, après s’être prononcé de manière si peu amène, explique ensuite minutieusement les raisons pour lesquelles la diffusion de la foi à travers la violence est une chose déraisonnable. La violence est en opposition avec la nature de Dieu et la nature de l’âme. « Dieu n’apprécie pas le sang , dit-il, ne pas agir selon la raison , “sun logô”, est contraire à la nature de Dieu. »

Le Pape poursuit en citant la remarque de l’éditeur :

« Pour la doctrine musulmane, Dieu est absolument transcendant. Sa volonté n’est liée à aucune de nos catégories, pas même celle de la raison. »

Il développe ensuite ce sujet, cite l’islamologue Roger Arnaldez et le Prologue de l’évangile selon Jean et dénonce les dangers d’une certaine forme de fanatisme, et de son corollaire, la violence. Pour lui, le christianisme favorise la rencontre de la foi et de la raison, et propose une réponse claire à ce danger.

La citation ci-dessous sont les trois paragraphes qui traitent de l’islam dans le discours du pape :

« Tout cela me revint en mémoire récemment à la lecture de l’édition publiée par le professeur Théodore Khoury (Münster) d’une partie du dialogue que le docte empereur byzantin Manuel II Paléologue, peut-être au cours de ses quartiers d’hiver en 1391 à Ankara, entretint avec un Persan cultivé sur le christianisme et l’islam et sur la vérité de chacun d’eux. L’on présume que l’Empereur lui-même annota ce dialogue au cours du siège de Constantinople entre 1394 et 1402 ; ainsi s’explique le fait que ses raisonnements soient rapportés de manière beaucoup plus détaillées que ceux de son interlocuteur persan. Le dialogue porte sur toute l’étendue de la dimension des structures de la foi contenues dans la Bible et dans le Coran et s’arrête notamment sur l’image de Dieu et de l’homme, mais nécessairement aussi toujours à nouveau sur la relation entre - comme on le disait - les trois « Lois » ou trois « ordres de vie » : l’Ancien Testament - le Nouveau Testament - le Coran. Je n’entends pas parler à présent de cela dans cette leçon ; je voudrais seulement aborder un argument - assez marginal dans la structure de l’ensemble du dialogue - qui, dans le contexte du thème « foi et raison », m’a fasciné et servira de point de départ à mes réflexions sur ce thème.

Dans le septième entretien (dialexis - controverse) édité par le professeur Khoury, l’empereur aborde le thème du djihad, de la guerre sainte. Assurément l’empereur savait que dans la sourate 2, 256 on peut lire : « Nulle contrainte en religion ! ». C’est l’une des sourates de la période initiale, disent les spécialistes, lorsque Mahomet lui-même n’avait encore aucun pouvoir et était menacé. Mais naturellement l’empereur connaissait aussi les dispositions, développées par la suite et fixées dans le Coran, à propos de la guerre sainte. Sans s’arrêter sur les détails, tels que la différence de traitement entre ceux qui possèdent le « Livre » et les « incrédules », l’empereur, avec une rudesse assez surprenante qui nous étonne, s’adresse à son interlocuteur simplement avec la question centrale sur la relation entre religion et violence en général, en disant : « Montre-moi donc ce que Mahomet a apporté de nouveau, et tu y trouveras seulement des choses mauvaises et inhumaines, comme son mandat de diffuser par l’épée la foi qu’il prêchait ». L’empereur, après s’être prononcé de manière si peu amène, explique ensuite minutieusement les raisons pour lesquelles la diffusion de la foi à travers la violence est une chose déraisonnable. La violence est en opposition avec la nature de Dieu et la nature de l’âme. « Dieu n’apprécie pas le sang - dit-il -, ne pas agir selon la raison , “sun logô”, est contraire à la nature de Dieu. La foi est le fruit de l’âme, non du corps. Celui, par conséquent, qui veut conduire quelqu’un à la foi a besoin de la capacité de bien parler et de raisonner correctement, et non de la violence et de la menace... Pour convaincre une âme raisonnable, il n’est pas besoin de disposer ni de son bras, ni d’instrument pour frapper ni de quelque autre moyen que ce soit avec lequel on pourrait menacer une personne de mort... ».

L’affirmation décisive dans cette argumentation contre la conversion au moyen de la violence est : ne pas agir selon la raison est contraire à la nature de Dieu. L’éditeur Théodore Khoury commente : pour l’empereur, un Byzantin qui a grandi dans la philosophie grecque, cette affirmation est évidente. Pour la doctrine musulmane, en revanche, Dieu est absolument transcendant. Sa volonté n’est liée à aucune de nos catégories, fût-ce celle du raisonnable. Dans ce contexte, Khoury cite une œuvre du célèbre islamologue français R. Arnaldez, qui explique que Ibn Hazn va jusqu’à déclarer que Dieu ne serait pas même lié par sa propre parole et que rien ne l’obligerait à nous révéler la vérité. Si cela était sa volonté, l’homme devrait même pratiquer l’idolâtrie. »

Il fut une époque lointaine ou la rationalité existait en islam

Au dela de la polémique, soulevée par certains islamistes qui se sont sentis visés, la question se pose « L’islam fait-il apelle à la raison ? ». Il est clair qu’ actuellement l’islam n’obeit pas à la raison. L’Islam actuel, sous la domination wahhabite, se résume en une stricte imitation du droit coutumier des bédouins yéménites du VIe siècle avec en corrolaire une idôlatrie pour un dialecte sémite, et malgé ses mises en garde multiples, une idôlatrie du prophète.

Nul ne peu contester qu’actuellement l’islam est devenu le Ground Zero de la spiritualité. Mais cela n’a pas toujour été ainsi. Il fut une époque lointaine ou la rationalité existait en islam.

Ainsi selon l’encyclopédie ENCARTA de Microsoft la traduction des travaux philosophiques grecs en arabe aux VIIIe et IXe siècles entraîne la fondation de la première école théologique islamique importante, appelée mutazilisme, qui insiste sur la raison et la logique rigoureuse.

« La question de l’importance des bonnes œuvres demeure et les mutazilites soutiennent qu’un individu qui a commis de graves péchés sans s’en repentir n’est ni un musulman ni un infidèle, mais se situe entre les deux. Leur insistance fondamentale porte cependant sur l’unicité absolue et la justice de Dieu.

Ils déclarent que Dieu est une essence pure, sans attributs, car les attributs impliquent une multiplicité. »

Bien loin de la pensée fataliste actuelle, le mektoubisme « c’etait écrit ! », le mutazilisme affirme le libre arbitre de l’être humain.

« La justice divine exige une libre volonté humaine car si l’individu n’est pas libre de choisir entre le Bien et le Mal, la récompense et la punition n’ont pas de sens. Parce qu’il est parfaitement juste, Dieu ne peut refuser la récompense au Bien et la punition au Mal. »

Les mutazilites soutiennent que la raison humaine est capable de faire la distinction entre le Bien et le Mal. A l’opposé de la doctrine musulamne actuelle qui nie la liberté de la volonté humaine, jugeant ce concept incompatible avec la puissance et la volonté absolue de Dieu et rejette également l’idée que la raison naturelle humaine puisse mener à une connaissance du Bien et du Mal. Selon nos bons Douktour de la foi "Les vérités morales sont établies par Dieu et ne peuvent venir à la connaissance de l’homme que par la révélation".

Selon l’encyclopédie Wikipedia le Mutazilisme met l’accent sur cinq principes.

« - Le monothéisme (tawhid) : Dieu ne peut être conçu par l’esprit humain. Ainsi, ils affirment que les versets du Coran décrivant Dieu comme étant assis sur un trône sont allégoriques. Les motazilites affirment que le Coran ne peut pas être éternel, mais a été créé par Dieu, sinon l’unicité de celui-ci serait impossible. Ils poussèrent leur conception allégorique à l’extrême et nommèrent leurs opposants anthropomorphistes.

- La justice divine (Adl) : devant le problème de l’existence du mal dans un monde où Dieu est omnipotent, ils mirent en avant le libre arbitre des êtres humains et présentèrent le mal comme étant généré par les erreurs des actes de ceux-ci. Dieu ne fait pas le mal et demande aux hommes de ne pas le faire non plus. Si les actes maléfiques d’un homme provenait de la volonté de Dieu, alors la notion de punition perdrait son sens car l’homme suivrait la volonté divine quels que soient ses actes. Le mutazilisme s’oppose donc à la prédestination.

- Promesse et menace (al-Wa’d wa al-Wa’id) : ce principe regroupe les questions sur le dernier jour et le jour du jugement où Dieu récompensera, avec ce qu’il leur aura promis, ceux qui lui ont obéi et punira ceux qui ont désobei avec la damnation et les feux de l’enfer.

- Le degré intermédiaire (al-manzilatu bayn al-manzilatayn) : ce principe, qui a été le premier à distinguer les mu’tazilites, affirme que le musulman qui commet un grand péché (meurtre, vol, fornication, fausse accusation de fornication, consommation d’alcool,etc.) ne doit être considéré, dans la vie d’ici-bas, ni comme croyant ou musulman (comme pensent les sunnites), ni comme mécréant (kâfir, comme pensent les khâridjites), mais plutôt dans un degré intermédiaire entre les deux. Cependant, ils rejoignent les kharidjites en affirmant que, malgré cela, une telle personne sera éternellement en enfer.

- Réaliser le bien et ne pas commettre le mal (al-amr bil ma’ruf wa al-nahy ’an al munkar) : ce principe permet la rébellion contre l’autorité, si celle-ci est injuste, comme un moyen d’empêcher le mal. »

Ce n’est qu’a partir du Xe siècle, qu’une opposition apparaît, inspirée par le philosophe al-Achari et ses adeptes (les acharites). Les opinions d’al-Achari et de son école deviennent progressivement dominantes dans l’islam sunnite (ou orthodoxe) et le sont encore chez la plupart des musulmans d’aujourdhui.

Quel héritage reste il des grands penseurs de l’Islam d’aujourd ’hui ? Rien ou si peu. Le droit coutumier des bedouins yemenites élevés au rang de commandements divins, des superstitions sur les djinns et les démons qui se métamorphosent en êtres humains, une sacralisation du Saint Coran non pour son message mais comme objet en tant que tel, et des fidèles idolatres qui s’empressent de ramener de l’eau de zazam de leur pelerinage, des guerrisseurs qui soigent en écrivant une sourate sur un morceau de tissu ...

Les oulémas, acquis au bédouinisme, tel Kardawi sur Al djazira, font preuve de raison dans leur foi : « Le pape n’a pas le droit de parler de l’Islam car il n’est même pas musulman d’abord ».

Avec leurs réactions parfois violentes dans le monde, les musulmans ne nous renseignent guère sur l’importance de la raison en Islam, par contre ils fournissent un beau sujet d’analyse des réactions pavloviennes. En définitive le pape a peu-être raison ...

Les Chroniques du [CyberKabyle].

11 septembre 2006

Google books ou comment la Kabylie perd la bataille de la culture sur le Web


Une première sélection d’ouvrages numérisés par Google est depuis le 1 septembre disponible gratuitement sur son service Recherche de livres. Tous tombés dans le domaine public, ils peuvent être téléchargés dans leur intégralité au format PDF. Pour trouver facilement un ouvrage, l’utilisateur doit sélectionner l’option « Rechercher dans page entière des livres », avant de lancer une requête. Sur la page de résultats, un onglet « Télécharger ce livre » apparaît ; le fichier peut être sauvegardé ou imprimé à volonté.

Les internautes peuvent, par exemple, accéder aux œuvres de Victor Hugo ou de Shakespeare. La plupart des livres ont été fournis grâce aux accords passés par Google avec des bibliothèques anglo-saxonnes. L’internaute kabyle pourra y trouver de nombreux livres relatifs à la Kabylie et au monde berbère mais malheureusement ces ouvrages proviennent en majorité de la « littérature ethnologique » coloniale. Ceux-ci présentent toutefois un certain intérêt pour les chercheurs.

« Sans mémoire collective, nous ne sommes rien et nous ne pouvons rien réaliser ».

Face a cette initiative privée américaine, L’Union Européenne tente d’’organiser une riposte avec le projet de bibliothèque numérique européenne.

« Sans mémoire collective, nous ne sommes rien et nous ne pouvons rien réaliser. C’est elle qui définit notre identité et c’est elle que nous utilisons en permanence dans l’éducation, le travail et les loisirs », a déclaré Mme Reding, membre de la Commission chargée de la société de l’information et des médias. « Nous voulons une véritable bibliothèque européenne numérique, un point d’accès multilingue aux ressources culturelles numériques de l’Europe » a elle ajoutée. Et M. Ján Figel’, membre de la Commission chargé de l’éducation et de la culture, d’ajouter : « il s’agit de garantir la conservation de notre patrimoine culturel commun et d’en assurer l’accès pour les générations futures. »

De 2005 à 2008, le programme eContentplus contribuera à raison de 60 millions d’euros aux efforts visant à rendre les collections et les services numériques nationaux interopérables et à faciliter l’accès et l’utilisation multilingues du matériel culturel. La Commission européenne prévoit en effet que 2 millions de documents (livres, films, photos, manuscrits...) seront en ligne en 2008 et qu’au moins 6 millions le seront en 2010. Une date symbolique pour l’Union européenne qui a parié sur le développement de l’économie numérique dans son plan « i2010 » pour redynamiser l’emploi et soutenir l’innovation.

La France en pointe en Europe

(JPEG) Gallica, la bibliothèque numérique de la Bibliothèque nationale de France, représentera l’essentiel de la participation française dans la bibliothèque numérique européenne. En avril dernier, elle contenait 91 200 volumes, 500 documents sonores et 80 000 images, dont un nombre conséquent d’ouvrages anciens portant sur la Kabylie et l’Afrique du Nord Berbère. Sur son site, elle salue l’enthousiasme des internautes : en mars, plus d’un million de documents ont été consultés. Ces bons résultats alliés à son dynamisme ne font pas douter de sa participation active à la mise en place du projet européen.

Des blocages persistent cependant : l’UE s’appuie sur le principe sur l’opt-in : ne seront présentes que les œuvres des auteurs qui en ont formulé la demande. Cette règle rend évidemment la tâche laborieuse. Google fonctionne lui à l’inverse sur l’opt-out : l’accord des auteurs est présumé et pour qu’une œuvre disparaisse, il faut en faire la demande.

Et la Kabylie ? Le néant ...

La Kabylie, tout comme les autres zones berbères s’est révélée incapable de fournir ne serait ce que l’ébauche d’un projet de bibliothèque numérique. Les raisons de cette inanité sont multiples. L’absence de volonté de la part de l’Etat algérien, les pesanteurs bureaucratiques et la médiocrité de la classe politique nationale et locale n’ont pas permis à la Kabylie d’envisager un financement public.

Pourtant d’autres minorités dans le monde ont su lancer des projets d’envergures. Ainsi le célèbre hebdomadaire britannique The Economist , dans un article intitulé « Google it in Quechua », nous apprend que

« Les estimations sur la prévalence du Quechua, la langue de l’empire d’Inca qui est encore largement utilisé dans les montagnes des Andes du Pérou, sont variables. Au Pérou, ils seraient de 3 à 4.5 millions. Le Quechua a longtemps été en lent déclin, essentiellement parce que les enfants des migrants urbains le parlent rarement. Mais cette langue attire actuellement beaucoup plus l’attention. Ainsi ces derniers mois, Google a lancé une version de son Moteur de recherche en Quechua tandis que des traductions de Windows et d’Office en Quechua ont été présentées par Microsoft. »

A l’opposé du Pérou, qui enseigne le Quechua dans certaines zones, l’Etat algérien pourtant bien plus à l’aise financièrement grâce à l’envolée des recettes pétrolières n’a jamais eu la moindre intention d’enseigner Tamazight (la langue berbère).

Encore récemment, accompagné du ministre des Affaires religieuses et d’une forte délégation de personnalités religieuses, le chef du gouvernement M. Belkhadem était à Bgayet (Béjaïa), en Kabylie, pour y annoncer le projet de construction d’un institut ... d’enseignement coranique d’une capacité de 205 places. Google, Yahoo et Microsoft ont de beaux jours devant eux. L’arrivée sur le marché de chercheurs en sourates ne risque pas poser des menaces à leur leadership technologique. Pendant que le reste du monde, y compris le Maroc et la Tunisie, lancent des incubateurs de startups, l’Algérie lance des incubateurs de fatwa. Et pendant que l’UE investi dans la recherche « pour redynamiser l’emploi et soutenir l’innovation », Belkhadem investi dabs la recherche « pour redynamiser la ferveur religieuse et soutenir l’arrièration. »

Et, pour ceux qui auraient mal compris, le quotidien algérois El Watan rapporte que concernant « la question de l’officialisation de Tamazight, M. Belkhadem trouve que la revendication manque de réalisme, dans la mesure où l’on n’arrive même pas encore à s’entendre sur les caractères de transcription de la langue. »

En clair, rien à attendre de l’Etat algérien ni des élus locaux de Kabylie, tant FFS que RCD ou FLN, qui préfèrent s’enfermer dans des positions purement incantatoires.

Les initiatives associatives et individuelles

Le salut en définitive ne vient que de quelques initiatives individuelles. L’une d’entre elle est le projet Berbere Multimedia du professeur Ouahmi Ould-Braham, basé en région parisienne.

« Il s’agit sur un programme pluriannuel d’établir un Inventaire des Ressources (textes, son, images) dans le domaine berbère à travers les bibliothèques, centres de documentation, fonds d’archives, publics ou privés, et inscrire cela dans le cadre des technologies culturelles et éducatives. A cela s’ajoute des ressources linguistiques comme l’élaboration d’un immense Dictionnaire électronique multilingue avec la participation scientifiques de plusieurs universités. »

Citons aussi « Ayamun, la Cyberrevue de littérature berbère » ,qui a la particularité d’être dirigée par Muhend Ait Ighil et Σmer Mezdad, les deux plus grands écrivains kabylophones vivant. Au menu des poèmes en kabyles, des textes en prose toujours en kabyle et quelques textes en français. Le site propose aussi d’acheter des livres entièrement en kabyle, le plus souvent en autoédition. Il est à noter que le premier numéro d’Ayamun date de Mai 2000, ce qui en fait un des plus anciens sites du genre.

A l’opposé, le dernier né des sites kabylophones et aussi le plus abouti est le site Imyura, dédié à la litterature kabylophone. Le plus abouti car il est le seul à maitriser parfaitement l’affichage des caractères kabyle grâce à une réelle compréhension de l’Unicode, tout en proposant des textes littéraires haut de gammes en kabyle. A ce titre il convient de souligner qu’ Imyura ne se contente pas de reproduire uniquement des poèmes anciens issus du fond culturel kabyle. On y trouve aussi des traductions d’œuvres littéraires du patrimoine mondial comme « Goethe s teqbaylitt », ainsi que « Shakespeare s teqbaylit ». Imyura s’inscrit ainsi dans la lignée du défunt et regretté auteur kabyle Mohya qui avait fait le pari de l’ouverture sur le monde en faisant de la traduction de grandes ouvres littéraire comme son cheval de bataille.

Les Chroniques du [CyberKabyle].

04 septembre 2006

Musique : la track list du prochain album de Tinariwen !


Le troisième album du groupe touareg Tinariwen sortira en janvier 2007

Tous les amateurs de musique berbère et plus largement de « world music » connaissent aujourd’hui le groupe de blues touareg (Imazighen du Sud) Tinariwen (littéralement : les déserts). Né dans les années 1990, ce groupe, formé dans les camps de réfugiés, rassemble des musiciens, hommes et femmes, issus de la région de Tessalit (nord du Mali).

L’âme du groupe est le célèbre Ibrahim Ag Alhabib dit ’Abaraybone’, guérillero lors des graves conflits qui opposent les Touaregs à l’Etat malien (ainsi qu’à l’Etat du Niger) durant les années 1990. A ce sujet, un documentaire récent, Teshumara ou les guitares de la rébellion Touarègue, qui retrace en parallèle l’histoire de Tinariwen et l’histoire de la rébellion touarègue , est sorti simultanément en salle et en DVD dans le coffret The Soul Rebel Of.. il y a 15 jours. Héritiers de ce militantisme, les Tinariwen proposent une musique touareg modernisée, proche du blues, et des textes militants, chantant la langue et culture tamaceq (tamazight du Sud) ainsi que le désert et la situation des Touaregs au Mali.

Après l’immense succès de leur second album Amassakoul et une longue tournée internationale, les Tinariwen reviennent avec un troisième disque dont la sortie mondiale est prévue le 26 janvier 2007. Ce nouvel opus s’intitule Aman Iman, soit « L’eau c’est l’âme ». Voici les titres des chansons qui le composeront :

1) Cler Achel
2) Mano Dayak
3) Matadjem Yinmixan
4) Ahimana
5) 63
6) Toumast
7) Imidiwan Winakalin
8) Awad Idjen
9) Ikyadagh Dim
10) Tamatant Tilay
11) Assouf
12) Izaragh Ténéré

Sept titres seront chantés par Ibrahim Ag Alhabib dit « Abaraybone », deux par Abdallah Ag Alhousseyni dit « Catastrophe », deux par Mohammed Ag Itlale dit « Japonais » et une par Alhassane Ag Touhami dit « Abin Abin ». Trois chansons restent encore en réserve : Tasskiwet, Imidiwanin et Amoussidrout.

Le groupe séjourne actuellement chez lui, à Kidal, capitale de la région touarègue de l’Adrar (montagne) des Ifoghas. Une tournée européenne est prévue entre février et mai 2007.

Les Chroniques du [CyberKabyle].