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31 mai 2006

Livre : La Libye Antique

Alors que les Français ressuscitaient dans leur Afrique du Nord les vestiges de Thugga, Tipasa, Timgad ou Volubilis, les archéologues italiens ramenaient au jour, à la faveur de l'occupation de la Libye entamée en 1912, les ruines impressionnantes des grandes cités de Cyrénaïque et de Tripolitaine.



C'est le bilan des travaux alors réalisés puis poursuivis dans la seconde moitié du XXe siècle que nous propose d'aborder ce superbe ouvrage collectif – magnifiquement servi par une rigoureuse sélection iconographique et par de nombreux plans – dont le texte a été rédigé par Antonino Di Vita et Ginette Di Vita Evrard pour ce qui concerne la partie occidentale de la Libye romaine et par Lidiano Bacchielli dans le cas de la Pentapole orientale.


Une introduction historique complétée par une présentation des réalités sociales et religieuses précède heureusement l'analyse, pour chacune des cités concernées, du paysage monumental et de son évolution.


Les auteurs ont réservé la part belle à Leptis Magna, la grande ville sévérienne mais Sabratha, dont l'histoire se poursuit jusqu'à l'époque byzantine, n'est pas négligée pour autant.


A l'est des autels des Philénes, Apollonia et Ptolemaïs accompagnent Cyrène, fameuse pour ses grands sanctuaires de Zeus et d'Apollon.


La bibliographie, le glossaire, le dictionnaire des noms propres établi par Guy Rachet et les reconstitutions de Leptis Magna réalisées par Jean Claude Golvin sont autant d'annexes précieuses pour aider le lecteur dans sa découverte d'un monde pétrifié que symbolise l'admirable tête de Méduse de l'arc d'Antonin.


Langue: Français
Éditeur : Mengès (9 avril 1999)
Collection : Beaux Livres
Format : Relié - 260 pages
ASIN : 2856204007
Dimensions (en cm) : 3 x 2




La Libye antique

La Chronique du [CyberKabyle].

29 mai 2006

Mali : vers une nouvelle rebellion Touareg ?

Plusieurs centaines d'ex-rebelles touaregs intégrés dans l'armée ou en rupture de ban ont repris le chemin du maquis à la suite de la prise mardi de deux camps militaires maliens vidés de leurs armes et de leurs munitions à Kidal (nord-est).

Les premières manifestations de cette nouvelle rébellion touarègue remontent à la mi-février lorsque le lieutenant-colonel Hassan Fagaga, un ex-combattant rebelle touareg incorporé à l'armée, a repris le chemin du maquis avec une poignée d'hommes armés. Il exigeait notamment des mesures en faveur de la région de Kidal et des ex-rebelles intégrés dans l'armée à la suite des accords de paix de 1996.

Iyad Ag Agali, une figure emblématique de la rébellion touarègue des années 90, s'est rallié ces derniers jours à la nouvelle rébellion et en est devenu « le chef » selon Erlass Ag Aguida, un des porte-parole du mouvement.

La nouvelle rébellion se constitue en effet autour des anciens membres du Mouvement populaire de l'Azawad (MPA, ex-rébellion touarègue), dont M. Agali était le chef, et plusieurs dizaines d'anciens combattants du MPA, intégrés à l'armée régulière, ont déserté pour rejoindre les forces rebelles ces derniers jours.

Dans un document intitulé « Pour un Statut Particulier de la région de Kidal », tout en apportant leur soutien au pacte national signé le 11 avril 1992 entre le gouvernement du Mali et les mouvements et fronts unifiés de l’Azawad, les insurgés attirent « l’attention des autorités sur les spécificités de la région de Kidal ».

Ce document présente tous les aspects de la gestion et de la vie économique, administrative. Ainsi il est rappelé que Kidal est la région « la plus pauvre du Mali avec un taux pauvreté de 92% », qu'elle est « la plus enclavée elle n'a aucun accès fluvial, ni goudron ni aéroport », qu'elle est « située dans une zone entièrement désertique » et qu'elle est « la seule région à avoir subi de plein fouet les conséquences de deux grandes sécheresses (1973 et 1984) et deux rébellions (1963 et 1990) ».

Ce document est assorti de propositions. La problématique de la self-gouvernance en est la pricipale: comment développer sinon administrer les régions nomades de la région de Kidal, « après un lourd cumul de retards, en gardant pour seul modèle le mode de vie sédentaire qui reste par essence l’opposé du mode de vie nomade? ».

Selon le document, « il importe d’adopter une stratégie pragmatique, flexible, respectueuse des us et coutumes des populations autochtones dans le cadre institutionnel réglementé » par une législation adaptée aux conditions de ceux qui sont concernés.

« Entre l’intransigeance sur la souveraineté nationale par laquelle pourrait être tenté l’Etat malien et la volonté de l’affirmation de l’identité des touareg de la région de Kidal, il nous semble que seul un statut particulier dûment réfléchi, accompagné d’une réelle volonté nationale de résorber le retard accumulé par les populations autochtones et le déséquilibre de développement entre la région de Kidal et le reste du pays, pourra intégrer la minorité touareg dans la construction d’un état unitaire, moderne et démocratique », conclut le document.


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Lire l'intégralité des revendications des Touaregs de kidal.

Pour un Statut Particulier de la région de Kidal


Désireux d'aboutir à une solution pacifique négociée, juste et définitive des différents problèmes qui surgissent de façon récurrente dans la région de Kidal, une solution qui tienne compte des diversités culturelles, géographiques et socio-économiques qui existent dans la République du Mali et, en même temps, une solution qui tende à la consolidation de l'unité et de l'intégrité nationales.

Réaffirmant leur attachement à la Constitution de la République du Mali en date du 12 janvier 1992,

Soulignant les dispositions de la Constitution de la République du Mali par lesquelles elle souscrit à la Déclaration Universelle des Droits de l'Homme du 10 décembre 1948 et à la Charte Africaine des Droits de l'Homme et des Peuples du 27 juin 1981, et proclame sa détermination à défendre les droits de la femme et de l'enfant ainsi que la diversité culturelle et linguistique de la Communauté Nationale,

Considérant le pacte national signé le 11 avril 1992 entre le Gouvernement du Mali et les Mouvements et Fronts Unifiés de l'Azawad et ses difficultés d'application,

Nous attirons l'attention des autorités sur les spécificités de la région de Kidal:

La Région de Kidal

La région de Kidal s'étend sur une superficie de 260 000 km2 et occupe 21.27% de la superficie totale du pays.
. C'est la région la plus pauvre du Mali avec un taux pauvreté de 92%
. C'est la moins peuplée du pays et est occupée par une minorité.
. Elle est la plus enclavée elle n'a aucun accès fluvial, ni goudron ni aéroport.

. Elle est située dans une zone entièrement désertique
. Elle est la dernière née des régions du Mali (1993)
. Elle est la seule région à avoir subi de plein fouet les conséquences de deux grandes sécheresses (1973 et 1984) et deux rébellions (1963 et 1990)
. Elle est la seule à vivre exclusivement de l'élevage
. Elle est la plus éloignée du centre de décisions nationales (1600 Km).

1. Le pouvoir traditionnel

Nous avons toujours eu un pouvoir traditionnel fort qui gère la région de façon consensuelle. Il est important que l'état le reconnaisse et qu'il mette à sa disposition les moyens nécessaires à l'exercice de son autorité sur son territoire.

2. De l'administration

La bonne gouvernance ne doit pas être considérée que sous l’angle de la finalité économique mais aussi sous l’angle social. « La réduction des inégalités devrait être aussi un élément constitutif de la bonne gouvernance ». Afin de réparer ces inégalités, les administrations comme celle des Etats Unis d’Amérique ont procédé à « la discrimination positive » des minorités touchées, et d’autres comme la France ont adopté « un statut particulier » pour les régions concernées.

La marginalisation des nomades est ressentie comme un désintéressement de l’administration à leur sort. Les administrateurs sont dans la plupart des cadres sédentaires et ne se rendent pas chez les nomades, ces derniers méfiants évitent l’administration. Il est difficile d’administrer les nomades à partir d’un bureau. Faire chercher les nomades quand on a besoin d’eux n’est pas la solution, un proverbe touareg dit : “ awa tarhed itart awa wartarhed soutart ”. Pourquoi ne pas insérer dans les tâches mensuelles des administrateurs une tournée obligatoire dans les campements d’au moins quelques jours pour mieux connaître le territoire et les populations qu’ils administrent ?

Les administrateurs civils sont formés pour administrer les sédentaires et non les nomades donc les autochtones sont mieux placés pour comprendre, appuyer et conseiller les nomades. Les critères de diplômes doivent être considérés au même titre que ceux de l'expérience dans le milieu.

Aussi la représentation des touaregs de la région de Kidal, en tant que minorité visible et peuple autochtone, dans le gouvernement et tous ses démembrements, garantie par la constitution de façon irréversible, est une revendication légitime.

3. Système électoral

Faut-il repenser le système électoral en zone nomade ? Il est difficile d'accéder aux nomades, par leurs occupations, le système classique d'élections ne leur est pas accessible. Les élections en milieu nomade impliquent plus de charges qu'en milieu sédentaire. Les bureaux de vote itinérants supprimés lors des dernières élections législatives de 2002 par la cour constitutionnelle sont très adaptés à la région et au mode de vie nomade.

4. Du développement

La région de Kidal n'a pas toujours bénéficié d'investissements à la mesure de sa spécificité; ni de priorité dans l'allocation des ressources. La politique nationale d'investissement héritée de la colonisation a continué de privilégier et de fonder la localisation des activités économiques sur le potentiel naturel, d'où une tendance à investir dans les zones à fortes potentialités électorales du sud.

Lors de la table ronde des bailleurs de fonds de Tombouctou, il a été fait le constat suivant :

- * Aujourd'hui il est reconnu qu'une des causes fondamentales de la rébellion au Nord est la mauvaise gouvernance et l'insuffisance des actions de développement dans ces régions considérées comme déshéritées.

* De sorte qu'aujourd'hui, à la problématique immédiate de l'éradication des causes profondes du conflit du Nord, s'ajoute celle, plus latente, de la réhabilitation du développement économique de ces régions. Autrement formulée, cette problématique a une double nature:

- celle, économique d'une meilleure coordination entre partenaires en vue de la relance économique des régions du Nord;

- celle, institutionnelle, de la recherche de formules adaptées de programmation et de financement des actions de réhabilitation de développement dans le cadre de la décentralisation.

Pour les planificateurs centraux, en disposant d’une enveloppe financière qui peut sauver soit 100 enfants d’un village ou 20 enfants nomades, la décision à prendre va pour le grand nombre. Cependant, la faible densité, les longues distances entre les différents campements et leur dispersion font qu’il est difficile de gérer une fraction nomade comme un village, sans tenir compte des spécificités et des particularités du mode de vie nomade dans le domaine de la santé publique et de l’éducation. Dans la région de Kidal, jusqu’à présent, certaines personnes vulnérables font plus de 200 kilomètres pour recevoir les premiers soins.

La soif tue des citoyens chaque année dans la région et la barrique d'eau de 200l coûte 1000FCFA en moyenne dans la ville de Kidal.

La quasi-totalité des produits de première nécessité nous viennent de façon informelle du pays voisin, avec lequel aucune garantie par les accords trans- frontaliers n'est assurée.

La rentabilité économique est aussi importante que la rentabilité sociale car l’exclusion est la source de conflits.

- Pastoralisme

Au Mali le pastoralisme, victime de la législation est sans cesse repoussé par l’agriculture vers des zones peu productives. Il est couramment admis que toute terre non cultivée est vacante de sorte que pour peu qu’un agriculteur plante quelques tiges de mil quelque part, la terre lui revient et il pourra y exercer un droit foncier. Quant à l’éleveur, ses territoires de pâturage ainsi que celles de ses ancêtres ne lui étaient reconnus par aucun texte juridique.

Quelque soit la richesse d'un éleveur, son cheptel ne lui sert d'aucune garantie contrairement au cultivateur pour son lopin de terre, au niveau des institutions financières.

Pourquoi ne pas créer des secteurs d’éleveurs, au niveau de chaque commune rurale nomade, reconnus par la législation et consacrant l’appropriation de l’espace pastorale par ses utilisateurs ? Ces secteurs pourront être dirigés dans la plus part des cas par des chefs de fractions influents, ce qui fera le compromis entre l’organisation traditionnelle autochtone de la société et la nécessité moderne de l’exigence démocratique et de développement décentralisé.

- Education et Culture

Le système éducatif national n'est pas adapté au mode de vie et aux besoins des populations de la région. De religion musulmane et de culture arabo-berbère , les touareg préfèrent être scolarisés dans les trois langues ( Français, arabe et tamazight). Jusqu'à présent l'handicap majeur pour la scolarisation des enfants est le manque d'éducation islamique à l'école et la séparation des garçons et des filles.

Le Tifinagh est l'écriture authentique des touaregs. Il est regrettable que le pays s'investi dans de vastes projets d'alphabétisation fonctionnelle utilisant les caractères latins au bénéfice d'un peuple qui possède sa propre écriture! “ Il est certain qu'une telle politique ne fera que contribuer, à long terme au déclin et à la disparition du Tifinagh ”.

La promotion de la culture régionale n'est pas faite par l'état à travers ses médias. Les populations ne font que subir les agressions des autres cultures.

- Santé

La région est la seule à n'avoir aucune structure sanitaire fiable (hôpital, laboratoire, pharmacie…). Elle ne dispose que de 4 centres de santé, c'est-à-dire 1 pour 60 000 km2. Le système de santé doit être adapté au mode de vie des populations par des équipes mobiles d'intervention en milieu nomade.

- Emploi

Le principal malaise ressenti par les populations est le chômage. Environ 70% des jeunes sont en chômage. Les conditions de recrutement sont identiques pour le nord et pour le sud, sans tenir compte du retard socio-éducatif accumulé par la région depuis plus de 40 ans.

5. De la sécurité

Les services techniques classiques chargés de la sécurité intérieure ont montré leurs limites opérationnelles dans les zones nomades. De sorte que la nature ayant horreur du vide, certains leaders ont prouvé leur efficacité dans des contrés d'accès difficile et éloignés. Pourquoi ne pas intégrer ces ressources humaines disponibles et responsables dans le dispositif sécuritaire de la région en leur donnant les moyens matériels et financiers pour mener à bien leurs missions?

Le système sécuritaire au niveau de la région est à reformuler, compte tenu de l'étendue du territoire, la dispersion des populations et la porosité des frontières.

6. De la Justice

Les différents litiges sont réglés par le qadi et en dernier recours l'autorité traditionnelle selon la jurisprudence islamique.

7. Conclusion

Pendant la dernière décennie, le Mali a connu des grands changements dans son environnement sociopolitique et économique dus à des réformes tendant à une plus large vision de la démocratie, de la décentralisation et une réflexion qui se veut participative pour l’élaboration d’une stratégie nationale de développement durable. Ainsi la pauvreté, la santé, l’éducation et la justice ont été autant de thèmes qui impliquent désormais des acteurs à la base pour une gestion saine et équitable des affaires publiques. La cheville ouvrière de toute cette chaîne demeure les collectivités territoriales décentralisées qu’il faut absolument préparer aux rôles qui leurs sont dévolus et renforcer leurs capacités à travers une société civile forte pour réussir la mise en œuvre de tout le processus de décentralisation et du développement.

Dans ce contexte comment développer sinon administrer les régions nomades de la région de Kidal, après un lourd cumul de retards, en gardant pour seul modèle le mode de vie sédentaire qui reste par essence l’opposé du mode de vie nomade?

Ce faisant, il importe d’adopter une stratégie pragmatique, flexible, respectueuse des us et coutumes des populations autochtones dans le cadre institutionnel réglementé par une législation adaptée aux conditions de ceux qui sont concernés.

Entre l'intransigeance sur la souveraineté nationale par laquelle pourrait être tenté l'état malien et la volonté de l'affirmation de l'indenté des touareg de la région de Kidal, il nous semble que seul un statut particulier dûment réfléchi, accompagné d’une réelle volonté nationale de résorber le retard accumulé par les populations autochtones et le déséquilibre de développement entre la région de Kidal et le reste du pays, pourra intégrer la minorité touareg dans la construction d’un état unitaire, moderne et démocratique.



[1] Fith forum of gouvernence in Africa, May 23 – 25, 2006, Maputo, Mozambique. "the Malian experience in combating poverty and conflict management"

[2] Les non-dits de la bonne gouvernance, Haut Conseil de la Coopération Internationale, éditions Karthala, 2001.

[3] Ce que tu veux, cherche-le, ce dont tu n’as pas besoin fait –le chercher.

[4] Pour voter, un électeur sédentaire coûte 200FCFA et un électeur nomade coûte 5000FCFA.

[5] Stratégie pour un Développement Humain Durable (DHD) dans les régions Nord- Mali. Gouvernement - PNUD. Mars 1998.

[6] Ibrahim LITNY in " Systèmes Educatifs et société Touarègue, Les Kel Adagh du Nord de Mali" Mémoire de diplôme EHSS 1992.

28 mai 2006

L'arabisation de l'Afrique du Nord à écouter sur Afropop


A écouter absolument.

Ce programme évoque la conquête arabe de la plus grande partie de l'Afrique du Nord entre le 7ème et 11ème siècle.

L'histoire commence aux tout debut de l'Islam quand Romains et Berbères se disputent le contrôle de la région. Les incursions arabes initiales étaient relativement superficielles, mais la transformation durable est venue avec l'entrée en scene du clan des Bani Hilal au début du 10ème siècle.

La musique arabe moderne, dans beaucoup de morceaux, rend compte des mémoires de l'avancé de Bani Hilals, et les sectes de Sufi de l'Afrique du nord et occidentale ont des traditions musicales riches liées à elles.

Dans ce voyage historique, Dwight Reynolds, professeur des études religieuses à l'université de Californie à Santa Barbara sera le fil conducteur de cette émission de radio.

Vous pourrez aussi lire la transcription de l'interview du professeur Dwight Reynolds par Banning Eyre’s d' Afropop avec les commentaires de Philip Schuyler ethnomusicologue à l'université de Washington.

La Chronique du [CyberKabyle].

Ali Dilem recevra le prix cartoonist Rights network Award en juin à Denver

Ali Dilem, va recevoir la plus importante distinction récompensant le dessin de presse pour l’année 2006, le Cartoonists Rights Network Award (CRN), pour son talent et son courage.

Le directeur du CRN, Rob Russell, a indiqué que ce prix récompensait chaque année le dessinateur qui a le plus marqué la scène internationale par son travail et son combat pour la liberté d’expression au mépris du danger. Ce prix, la 12e distinction internationale décernée au dessinateur du quotidien algérien Liberté, est considéré chez les professionnels comme la plus haute distinction dans le domaine du dessin de presse. Il sera remis à Ali Dilem au cours des prochains jours, lors d’une cérémonie organisée en son honneur à Denver dans le Colorado (États-Unis), siège du Cartoonists Rights Network International.

Cartoonists Rights Network International est une organisation non gouvernementale, présente dans plusieurs pays, qui se donne pour mission de promouvoir et de soutenir les caricaturistes du monde entier.

Ali dilem n’est pas à sa première distinction internationale. Il avait reçu, en septembre 2005, le Trophée de la liberté de la presse au 24e Salon international de la caricature, du dessin de presse et d’humour de Saint-Just-le-Martel, dans le centre de la France, une véritable tour de Babel dont la langue commune est l’humour.


Le [CyberKabyle].

26 mai 2006

Enquête Médiamétrie "Le Web 2.0 : (R)évolution ?"


Si l'on en croit le rapport 2005 de l'Internet en France, qui a été publié en mars par Médiamétrie, l'un des traits marquants de l'année écoulée concerne l'importance prise par les blogs.

Au quatrième trimestre 2005, 7 483 000 dinternautes ont consulté un blog, soit près de 3 internautes sur 10 (28,6%).



Wikipedia : lintelligence devient collective

De plus, l'etude nous enseigne que linternaute tend à devenire à la fois acteur et contributeur de contenus. Ainsi Wikipedia, l'encyclopédie en ligne gratuite et collaborative, a fait une percée remarquée en 2005. Parmi les 150 sites les plus consultés, Wikipedia est le site français qui a connu la plus forte progression daudience en 2005, en passant de la 145
ème à la 37ème position du classement Médiamétrie//NetRatings. En décembre 2005, plus de 2,4 millions dinternautes ont consulté Wikipedia en France, ce qui représente une progression de 256% par rapport à décembre 2004.

En Allemagne, Wikipédia se classe à la 15ème place des sites les plus consultés avec une audience multipliée par 3,6 sur douze mois. Aux Etats-Unis et au Royaume-Uni, cette audience a été multipliée par quatre. En fédérant des internautes autour d'un projet commun -l'enrichissement des connaissances- Wikipédia participe à l'évolution du Web. « Comme en témoigne l'essor des wikis, sorte de blogs ouverts à la modification qui se développent notamment avec des objectifs politiques », constate François-Xavier Hussherr, directeur du département Internet et nouveaux médias de Médiamétrie.



Prendre la parole sur le Net et y apporter une contribution, si minime soit-elle, est donc devenu un jeu d'enfant. Au sens strict du terme. La nouvelle génération du Web a séduit les jeunes. Baptisée Web 2.0, l'internaute y est à la fois acteur et contributeur. La majorité des adolescents internautes de 14-17 ans privilégient les messageries instantanées (56%) pour garder le contact avec leurs amis contre 51% qui préfèrent le traditionnel face à face. Et plus de huit blogueurs sur dix ont moins de 25 ans, rappelle Médiamétrie en précisant qu'au 3ème trimestre 2005, plus de 1,1 millions d'adolescents internautes entre 13 et 17 ans possédaient un blog. « Le Web est donc devenu un fantastique moyen d'extension de son réseau social », ajoute François-Xavier Hussherr. D'où le succès des sites qui s'adressent essentiellement aux jeunes, répondent à leurs préoccupations et à leurs passions tels Skyblog et autre Meetic (plus d'un million de visiteurs chaque mois).

La Chronique du [CyberKabyle]

23 mai 2006

Sexe, visa et Ben Laden : le « hot » parade des recherches Internet au maghreb

«Mariage, sexe, ben laden, visa et le palmarès des clics sur internet, Google classe les fantasmes des Algériens » tel est le titre d'un article passionant sur les centres d'intérêt sur la toile des algériens publié par le quotidien algérien Liberté daté du 23 Mai 2006.


Le journaliste, Mustapha Benfodil, a utilisé le service Google Trends du célébre moteur de recherche afin de connaître les centres d'intérêt de l'internaute algérien. Et le résultat constitue un mélange détonnant de Sexe, d 'immigration et de térrorisme.

Le Maghreb en tête du « fan club » de Ben Laden



Ainsi sur le mot-clé « Ben Laden » l’Algérie arrive en tête des requêtes, suivie par le Maroc, la Tunisie et le Sénégal. La France quant à elle arrive en 5 eme position.




Le classement par ville est encore plus édifiant : outre Alger, Casablanca, Rabat et Tunis, la présence de Franconville en 6 eme position est réellement surprenante. Elle est suivie par d'autres villes françaises comme Neuilly-Sur-Marne, Nancy, Reims et Lille.




Toutefois l'article souligne bien que « lorsque l’on écrit “Bin Laden” le résultat est tout autre [..] c’est la Norvège qui montre le plus d’engagement, suivie de l’Argentine. Les États-Unis, pourtant très obsédés par le chef d’Al-Qaïda depuis les attentats du 11 septembre, ne sont qu’à la troisième position ».

Toujours selon le même journal, sur le mot-clef « terrorisme » les scores de consultations pour l’année en cours donnent le Maroc à la première place suivi de l'Algérie. En appliquant l’orthographe anglaise (terrorism), cela nous donne par ordre d’intérêt décroissant : le Pakistan, les Philippines, Singapour, l’Inde, l’Australie, les États-Unis, la Grande-Bretagne, la Suède, le Canada et les Pays-Bas. « Il ressort donc clairement que l’intérêt porté au sujet domine plutôt les zones vers lesquelles le terrorisme international s’est déplacé depuis l’apparition de la nébuleuse Al-Qaïda, avec, à la clé, quelques coups spectaculaires comme la vague d’attentats de l’année dernière ».

Sous « GSPC », l’Algérie n’est pas à la première place comme on pourrait s’y attendre. Elle se trouve devancée par la Grande-Bretagne sans doute en raison de l’impact psychologique des attentats de Londres et l’affiliation présumée du GSPC à Al-Qaïda.

Le mot « islam » domine, lui, dans les cybers asiatiques : Indonésie, Malaisie, Pakistan. Les Algériens sont 4e devant l’Égypte et les Émirats arabes unis. L’Arabie Saoudite, exportateur « historique » de l’islam wahhabite, occupe le bas du tableau derrière la Turquie et… la Norvège, seul pays occidental à s’intéresser au sujet certainement suite à l’affaire des caricatures.

« A bas l'Occident, a nous les visas !»

Sur le mot-cléf « «visa », c'est le nigéria, le plus grand pays musulman d'Afrique qui arrive en tête. A noter la présence surprenante des Emirats Arabes Unis en 4 eme position. Mais comme 90% des gens à Dubai sont des travailleurs étrangers, sans doute en galère de visas. Le Maroc occupe quant à lui la 5 eme position, ce qui trahit une réalité bien éloignée du Maroc des agences de tourisme sur papier glacé. Autre surprise le mot « visa », « en dépit d’une présence forte dans le champ lexical national (Algérien, ndlr), a disparu du Web ».


La popularité de Bouteflika se limite aux frontières de Tlemcen

Si on en juge d'après les médias algériens, le président Bouteflika serait une personnalité de premier plan à l'internatonal, une vraie superstar. En réalité « Bouteflika, n’est « recherché » qu’en Algérie (grosse bande bleue à l’appui). On retiendra qu’un pic d’intérêt à l’endroit du « raïs » (guide, ndlr) a été enregistré un certain 17 décembre 2005, date qui coïncidait avec l'hospitalisation du président au Val-de-Grâce ». Cependant une analyse par ville nous apprend qu’après Alger, c'est de la ville d'origine du président (bien que né a Oujda au maroc) Tlemcen que provient le gros des requêtes. Le régionalisme, contrairement à ce qu'on essaie de faire croire ne concerne pas que les Kabyles. Nation algérienne vraiment ?



L'Algérie décroche le « Hot d'or »

Revenons au thème préféré des internautes : l’amour. Son corollaire ? Le « tchat », la voie royale vers l’âme sœur. Sous cette rubrique, les plus gros tchateurs, détrompez-vous, sont les Tunisiens. Les Algériens arrivent en seconde position, eux qui sont des visiteurs assidus des sites de discussions. Après, il y a les Français, les Marocains et les Belges. Autre mot vraiment « clé » : Mariage. Là, les Algériens caracolent carrément en tête du classement devant les Marocains, les Français, les Belges et les Suisses. Les habitués du Net ont certainement dû le remarquer : les célibataires ont effectivement de plus en plus recours au Web pour passer des annonces matrimoniales. Dernier sujet à forte saveur ajoutée : le sexe. Les cybernautes DZ occupent en la matière la première place devant le Maroc.




Mais les Algériens n’ont pas le monopole du cybersexe. Si l’on s’intéresse à la version anglaise du mot, c'est-à-dire « sex », d’autres pays peuvent prétendre se voir décerner le « hot d’or » du plus gros voyeur. Bizarrement, le top 10 des recherches avec le mot-clef « sex » prend une teinte verte, non pas comme une pomme mais plutôt comme la couleur préférée de l’Islam.

En effet Google nous indique que c’est dans la ville du Caire, en Egypte que les internautes sont les plus intéressés par le « sex ». Si l’on s’en tient à un classement par pays, le lien entre Islam et cyberpornographie éclate au grand jour :

  • Le Pakistan, connu pour ses madrasas fondamentaliste, trône et obtient le « hot d’or » mondial du plus grand nombre d’internautes obsédés, trône, talonné par l’Egypte (où les « Frères musulmans » gagnent toutes les élections non-truquées).
  • On trouve en 4eme position l’Iran, ce qui ne fera peut-être pas très plaisir au président Ahmadinejad et aux mollahs du régime (bien qu’on murmure que certains d’entre eux, entre deux prières, ne rechigneraient pas à une petite recherche coquine…).
  • La république islamique d’Iran est suivie de près par le très dévot royaume chérifien du Maroc, seul pays à réaliser l’exploit de se trouver dans le top 5 des obsédés francophones ET anglophones. Rien que pour cela, le Maroc a droit à son « hot d’or » d’honneur ainsi qu’à nos plus chaleureuses félicitations.
  • En queue de peloton vient le très saint, très wahhabite (et apparemment très en manque) royaume d’Arabie Saoudite, qui occupe la 7e place, alors que l’Internet y est filtré pour éviter, justement la pornographie. On n’ose imaginer le classement de l’Arabie Saoudite si ce n’était pas le cas…
  • Enfin, 8e et bon dernier des grands pays musulmans, vient la Turquie, pays dans lequel la majorité des électeurs votent AK (parti islamiste). Comme quoi, Malek Chebel a raison : Islam et érotisme sont étroitement liés.




La rébellion touarègue se réveille dans le Nord-Est du Mali

Selon une dépêche de l'agence Reuters "Des rebelles touaregs présumés ont occupé mardi matin la garnison de Kidal, dans le nord-est du Mali, après s'être emparés de deux camps militaires", selon de sources militaires.

"Les assaillants, qui seraient commandés par un ancien officier déserteur de l'armée nationale, ont usé de camionnettes armées de mitrailleuses pour lancer l'assaut contre cette ville située au pied du massif de l'Adrar des Ifoghas, aux confins de l'Algérie et du Niger".

"Ils ont pris l'ensemble de la ville", a confirmé à Reuters le correspondant à Kidal de l'Agence malienne de presse et de publicité, Jean-Pierre Tita. Deux stations de radio locales ont été occupées et des véhicules saisis par les assaillants.

Des coups de feu retentissaient toujours dans la localité sans que l'on sache si les affrontements ont fait des victimes.

Kidal est au coeur du Nord désertique du Mali où des nomades touaregs s'étaient soulevés au début des années 1990 en affirmant être négligés et marginalisés par le pouvoir central.

Les deux camps ont fini par faire une paix prévoyant, notamment, une intégration de combattants rebelles au sein de l'armée, mais sans faire taire totalement une agitation sporadique.

"DES DESERTEURS"

Pour les spécialistes de la question, la révolte touarègue n'est pas totalement supprimée et reste en sommeil dans ce pays sahélien enclavé qui est l'un des plus déshérité de la planète malgré son coton.

Selon une source militaire, les assaillants seraient des partisans du lieutenant-colonel Hassan Fagaga, un ancien officier et rebelle touareg qui a déserté avec un groupe d'hommes en février.

"Il s'agit de partisans de Fagaga, de déserteurs", a précisé cette source sous le sceau de l'anonymat.

D'après le correspondant de l'agence officielle, des renforts gouvernementaux ont été dépêchés à partir de Gao, une ville située sur la courbe du fleuve Niger à environ 300 km au sud-ouest de Kidal.

Redoutant une infiltration des islamistes radicaux du GSPC en provenance de l'Algérie voisine, les Etats-Unis ont mis en place un programme d'aide et de formation de l'armée malienne à la lutte contre le terrorisme.

Selon des sources touaregs cet evenement serait "une information pas très rejouissante pour une région qui commençait à peine à renaître suite à la decennie de rebellion. Ce soulevement risque fort de s'étendre dans tout le Pays Touaregs si le gouvernement malien ne passe pas par des négociations appropriées. Cette situation était prévisible à croire la tension qui regnait aussi bien au Niger qu'au Mali et cela même à travers les différents forum".

Forum des langues du monde à Toulouse


Toulouse accueille une rencontre visant à présenter les langues du monde entier sur un pied d'égalité. Le Forum des langues prend la forme dune fête populaire et d'un espace de réflexion.

Les activités ont lieu sur la place du Capitole de la ville rose les 27 et 28 mai.

Un rendez-vous à ne pas manquer pour les sans-voix et les autres.

Parmi les débats de cette édition 2006, il sera question des problèmes linguistiques en Algérie.

" Les cultures et les langues sont égales entre elles, comme les citoyens dune même République " disait Félix Castan, pionnier de la défense des langues doc.

Les occitanistes ont vite réalisé quils pouvaient sauvergarder leur langue plus efficacement s'ils aidaient les autres à en faire de même. De là est née lidée du Forum des langues du monde. En 1993, la manifestation prend le nom de Prima de las lengas (Printemps des langues). Depuis 1995, la manifestation se déroule à Toulouse et en 1999 dautres villes de France créent leur propre forum.

La capitade du 27 mai

Sur la place du Capitole, conteurs, poètes, danseurs et autres slammeurs sexpriment dans toutes les langues parlées dans la ville : le suédois, le tamoul, le berbère, litalien, le bambara et plusieurs dizaines didiomes vont résonner pendant une journée. Cest ce que lon appelle une capitade (de capitar : réussir en occitan).

Débats et stands le 28 mai

Le dimanche lambiance change pour faire place aux rencontres. Les mêmes langues sont présentées par leurs locuteurs à travers des stands. A noter que tous les débats de la journée sont traduits dans la langue des signes.

Voici le programme :
  • 11h00 : ouverture du Forum des langues.
  • 11:45 Allocution des organisateurs et des
  • représentants des institutions partenaires.
  • 12:15 Écrire dans toutes les langues ? Le chemin de lécriture en occitan, aujourdhui comme il y a mille ans, pose bien le problème. Débat organisé par le GFEN.
  • 14:00 Langues et « bienfaits de la colonisation » : le cas de lAlgérie. Débat avec et autour de Mohamed Benrabah (auteur de Langues et pouvoir en Algérie, édité chez Séguier).
  • 15:30 Lutte contre les discriminations et intégration: la place de laction culturelle , le rôle des langues. Présentation des activités du FASILD (Fond d'Action Social pour la Lutte contre les Discriminations) par Mme Hugonnet, Directrice, et débat avec les invités du Forom.
  • 17:00 Déclaration Universelle des Devoirs envers les langues et les cultures. Henri Meschonnic soumettra les trente-deux premiers articles quil propose à la réflexion et que nous le passerons au crible juridique.
Les invités

  • Henri MESCHONNIC
    Professeur émerite de linguistique à l’Université Paris-VII, poète, traducteur de la Bible, essayiste, depuis près de trente ans, Henri Meschonnic mène une réflexion de fond sur les enjeux profonds de la traduction littéraire. Bien plus qu'une simple herméneutique, sa vision met en jeu la théorie du langage et de la poésie elle-même.

    À travers sa pratique poétique, ses traductions, ses analyses et ses réflexions théoriques, Henri Meschonnic propose une pensée intempestive, qui est une critique des savoirs et des pouvoirs contemporains et qui se révèle dense d'implications philosophiques et politiques.

    Quelques-uns de ses derniers ouvrages : Hugo, la poésie contre le maintien de l'Ordre (Maisonneuve et Larose) ; Spinoza, poème de la pensée (Maisonneuve et Larose) ; De la langue française, essai sur une clarté obscure (Hachette, coll. Pluriel).

    Il est aussi l’auteur des premiers articles de la Déclaration Universelle des Devoirs envers les langues et cultures qu’il nous présentera pendant ce Forom 2006.
  • Suzanne CITRON
    Agrégée d’histoire, professeur de lycée puis à l’Université Paris XIII, auteur de Mes lignes de démarcations – croyances, utopies, engagements, éd. Syllepse 2003 ; L’histoire des hommes éd. Syros-Jeunesse,1996 ; L’histoire de France autrement éd.de l’Atelier, 1995 ; Le Mythe national, l’histoire de France en question éd. de l’Atelier, 1991 Syros.
  • Mohamed BENRABAH
    Linguiste algérien, ancien directeur de l’Institut des langues étrangères à l’Université d’Oran ; actuellement enseignant à l’Université de Grenoble III. Auteur de Langue et pouvoir en Algérie : histoire d’un traumatisme linguistique, Séguier, 1999.
  • Michel MOCHÉ
    Ecrivain, conférencier, président de l’association culturelle Fabre d’Olivet, a édité « La langue d’oc rétablie » co-édition D. Steinfeld - association Fabre d’Olivet

Son dernier opus : «L’accompagnement de ceux qui partent et de ceux qui restent»

  • Catherine HUGONNET, directrice du FASILD Midi-Pyrénées (Fond d’Action Social pour l’intégration et la Lutte contre les Discriminations) et ses collaborateurs
  • Xavier NORTH
    Agrégé de Lettres Modernes. Délégué général à la langue française et aux langues de France au Ministère de la Culture et de la communication.
  • Michel ALESSIO
    Chargé de mission aux langues de France et observation des pratiques linguistiques au sein de la DGLFLF

21 mai 2006

La repentence de la France, Leitmotiv de Bouteflika

Le président algérien Bouteflika a, pour la ènieme fois, exigé des excuses officielles de la France pour les crimes commis durant la colonisation, jeudi dernier.

« Il est aujourd'hui de notre devoir envers le peuple algérien et les Chouhada (martyrs) de réclamer des excuses officielles », a-t-il déclaré dans un message lu par le ministre algérien des moudjahidine (anciens combattants), Mohamed Cherif Abbas, à Mostaganem (350km à l'ouest d'Alger). « Nous ne sommes pas cette nation naïve qui oublie facilement ses malheurs et les massacres perpétrés à son encontre ainsi que la dénaturation de son identité et la destruction de son patrimoine », a insisté le chef de l'Etat algérien.

« Les massacres du 8 mai 1945 étaient d'une barbarie et d'une cruauté jamais égalées dans l'histoire aussi bien ancienne que moderne de l'Algérie, d'une sauvagerie que nul ne saurait renier sinon ceux qui sont frappés de sénilité ou d'amnésie ou encore ceux qui pratiquent la politique de la fuite en avant », a dit Bouteflika dans son discours de jeudi.

Le président algérien a appelé l'Etat français à « assumer pleinement ses responsabilités historiques, s'il était véritablement mu par une sincère volonté d'ouvrir une nouvelle page et de jeter les bases d'une amitié authentique bannissant toute forme de rancoeur et de ressentiment ».

Passe d’armes ce week-end entre Bouteflika et le quai d’Orsay

Selon le quotidien algérien Liberté daté du 20 Mai 2006, « revenant comme un leitmotiv, la demande d’excuses semble se faire pressante et non-négociable côté algérien, qu’elle s’impose aujourd’hui comme condition devant déterminer, telle que présentée dans le discours dominant de ces derniers mois, l’avenir des relations entre les deux pays ».

Le journal souligne que « Du côté français, la réaction est venue comme une prémonition, deux jours avant le message du président Bouteflika, par la voix de Catherine Colonna, ministre déléguée aux Affaires européennes » qui a indiqué à l’assemblée nationale que la France souhaitait « une reconnaissance objective et assumée des faits liés à la colonisation de l'Algérie (1830-1962) ». « Laissons aux historiens le soin d'écrire l'Histoire et laissons au temps celui d'apaiser les douleurs », a-t-elle déclaré en invitant Paris et Alger à « faciliter le travail des historiens ».

Puis l’article conclu que « même nuancée et mesurée, la réaction française n’a pas été pour apaiser les ardeurs algériennes ou influer sur le discours du président. Par sa fermeté, tout porte à croire que le dossier du traité d’amitié est suspendu à la reconnaissance française ».
« Paris s’accroche au traité d’amitié » titre aussi le même quotidien sous la plume de Saïd Chekri (Liberté, 20 Mai 2006). Le journaliste indique que « Paris a de nouveau affirmé qu’il est opportun de laisser le débat sur la période coloniale aux seuls historiens, par la voix du porte-parole de son ministère des Affaires étrangères, Jean-Baptiste Mattéi ».

Ce dernier a déclaré lors du point de presse hebdomadaire du Quai d’Orsay qu’ « il appartient aux historiens et aux chercheurs de se pencher sur le passé », estimant que « ce n’est pas à une lecture officielle » de ce passé que l’on doit procéder aujourd’hui et qu’il ne lui appartenait pas de « commenter toutes les déclarations du président algérien (…) », avant de conclure que la France « veut travailler au renforcement des relations bilatérales (…) » et conserve encore « l’objectif de conclure un traité d’amitié » avec l’Algérie ».

Toujours selon Saïd Chekri « les déclarations officielles des deux côtés de la Méditerranée semblent renvoyer la signature d’un tel traité, initialement prévue pour fin 2005 au plus tard, aux calendes grecques, si tant est qu’elles ne finiraient pas par tuer le projet dans l’œuf ».

Même analyse péssimiste pour A. Benchabane, du quotidien El watan (20 mai 2006) qui affirme que « Ni Paris ni Alger ne sont en mesure de donner un élan décisif à ce traité auquel semble tenir, de façon singulière, le président français » et « Du côté français, on continue d’entretenir la flamme en ce sens où l’on considère que le projet n’est pas encore torpillé ».

Les USA, la Chine et la Russie

La France s'efforce de consolider son influence dans le deuxième pays le plus vaste d'Afrique, dont les richesses en hydrocarbures et les projets de développement des infrastructures suscitent l'intérêt des Etats-Unis et d'autres puissances telles que la Chine et la Russie.

19 mai 2006

Quand l’occident s’éveille à la réalité chinoise

Statistiques truquées, piratage, contrefaçon à grande échelle, corruption généralisée, manifestations violentes, dureté des rapports sociaux et nationalisme exacerbé. L’occident s’éveille à la réalité chinoise. Ces derniers mois, les essais sino-sceptiques occupent le devant de la scène. En novembre 2005 « La Chine sera-t-elle notre cauchemar ? », de Philippe Cohen et Luc Richard, décrivait la réalité sociale de la Chine. Aujourd’hui, « La Face cachée de la chine », de Yidir Plantade, nous révèle toutes les facettes du capitalisme chinois. Interview de l’auteur, Yidir Plantade par le CyberKabyle.

Après la mode de la « sino-béatitude », on assiste à une déferlante d'ouvrages « sino-sceptiques » ... Vous semblez surfez sur cette vague non ?


YP : De fait, l'année éditoriale 2005-2006 a vu paraitre au moins cinq ou six livres plus ou moins critiques, voire alarmistes, à l'égard de la Chine, et cela rien qu'en France. Cela s'accompagne d'un regard également plus acerbe porté sur ce pays dans les éditoriaux et les reportages publiés dans la presse. Je ne pense pas que mon ouvrage, ou d'ailleurs aucun de ceux que vous évoquez, ne « surfe » sur une vague. Cette concomitance s'explique plutôt par le fait qu'un certain nombre d'informations ont été mises à jour et que des tendances se sont dessinées ces dernières années. Il est donc normal que parmi les gens qui s'intéressent à la Chine, plusieurs d'entre eux partagent des analyses proches ou similaires.


Parmi ces oeuvres sino-sceptiques il y a « La Chine sera-t-elle notre cauchemar ? » de Philippe Cohen, l’avez-vous lu ?



YP : Oui je l'ai lu et je l’ai trouvé intéressant. Toutefois, je ne partage pas sa vision cauchemardesque du libéralisme économique. A l'en croire, on pourrait presque penser que les Chinois vivaient mieux au temps du maoïsme pur et dur.

« les retombées économiques de l'obséquiosité politique chiraquienne se font attendre pour la France »

On a vu récemment notre premier ministre et notre président se féliciter de la signature d'un contrat d'Airbus avec la Chine ... avec transfert de technologies à la clef ... quel est votre opinion a ce sujet ?


YP : Le fait que la Chine cherche à se doter d'une industrie aéronautique n'est un secret pour personne. C'est un vieux projet qui date de l'ère Mao et qui n'a pour l'instant jamais vraiment abouti. La Chine achète essentiellement ses avions civils chez Boeing, entreprise qui se méfie du non-respect de la propriété industrielle dans ce pays. Boeing a même fermé les usines Mc Donnell-Douglas présentes en Chine lorsqu'il a racheté cette firme.


En cherchant à faire miroiter à Airbus un meilleur accès au marché chinois, qui s'annonce comme le plus gros marché d'avions civils du monde pour ces 15 dernières années, la Chine, impose la présence d'une chaine de montage partielle sur son territoire, posant ainsi ses pions dans l'élaboration d'une industrie aéronautique chinoise performante.


Leur programme spatial s'est fortement « inspiré » de la technologie russe, il se pourrait qu'à l'avenir, leurs avions ressemblent beaucoup à ceux de la firme européenne...


L'obséquiosité n'a jamais garanti de bonnes relations économiques avec la Chine. George W. Bush, par exemple, est assez froid avec la Chine et cela ne l'empêche pas de vendre quantité de Boeing, ni d'ailleurs de placer peut-être des centrales nucléaires. La France, elle, n'est que le 15ème fournisseur de la Chine. Bref, les retombées économiques de l'obséquiosité politique chiraquienne se font attendre pour la France.


A contrario, Areva le spécialiste français du nucléaire, s'est fait doubler par son concurrent américain Westinghouse pour avoir refusé tout transfert de technologies ... Quelle est la bonne approche en définitive ?


YP : En réalité, le gros problème pour les entreprises qui cherchent à vendre aux Chinois, c'est que ce sont les Chinois qui sont en position de force. Comme pour l'aéronautique, la Chine devient « le premier marché mondial » pour les centrales nucléaires. Il faut donc évaluer les risques, accepter des concessions douloureuses ou bien se voir claquer la porte au nez. Dans les deux cas, ce n'est pas une décision facile à prendre. D’ailleurs, le mois dernier, Areva s’est dit prêt à fournir certains transferts de technologies… A moyen terme, c’est toujours la Chine qui sort gagnante de ces transactions, en favorisant le développement de ses propres industries.


En somme, pour résumé votre essai, la Chine serait une vaste souricière à blaireaux ?


YP : Ce n'est pas vrai en toutes circonstances, il y existe de jolis succès, mais on ne peut ignorer les nombreux échecs et les entourloupes plus ou moins délicates dont ont été victimes de nombreux investisseurs. Ce qu'il faut bien se dire, c'est qu'en Chine on ne joue pas avec les mêmes règles qu'en Europe (respect des contrats, lois claires, justice relativement efficace et honnête). Quant on s'installe en Chine, il faut bien savoir à l'avance que l'on risque de perdre de l'argent pendant longtemps avant de pouvoir commencer à en faire. C'est un investissement à très long terme en quelque sorte.

« Ils veulent juste avoir une « histoire chinoise » à raconter aux actionnaires et aux clients, afin de passer pour un manager inspiré »

Vous faites aussi référence aux rivalités aux seins des états-majors des grandes entreprises, celui qui n'a pas un « projet Chine » passe pour un loser ?


YP : Oui, il y a de ca, on voit souvent des gens a de très hauts postes qui disent avec aplomb « notre avenir est en Chine » ou « on ne peut pas se permettre de ne pas y être ». Et quand on discute un peu avec eux, on se rend compte qu'ils n'ont qu'une vague idée de ce qu'ils veulent vraiment faire là-bas. Ils veulent juste avoir une « histoire chinoise » à raconter aux actionnaires et aux clients, afin de passer pour un manager inspiré, qui va de l'avant et conquiert les nouveaux marchés du XXIe siècle sabre au clair...


Qu'est-ce qui pousse les Chinois à s'implanter en Afrique ?


YP : Les Chinois s'implantent dans toute l'Afrique. Au niveau des réseaux de commerce, des PME, ils jouent actuellement le rôle des Libanais ou des Grecs du siècle dernier. Quant à leurs grandes entreprises publiques, elles y nouent de plus en plus de contrats juteux, surtout dans le bâtiment et les télécommunications. Il y a un marché à prendre en Afrique, où les gens sont affamés de produits de consommation à bas coûts : les produits chinois sont tout indiqués pour ce type de demande. Cela permet à la Chine de compenser les achats de matières premières qu’elle est obligée de faire en Afrique.



Voici un extrait du livre « La Face cachée de la chine », de Yidir Plantade.

Pannes dans l'automobile

Le secteur automobile est lui aussi emblématique des graves difficultés rencontrées sur le marché chinois par les constructeurs étrangers. C'est vrai qu'avec ses 15 voitures pour 1 000 habitants contre 700 pour 1 000 habitants aux Etats Unis d'Amérique, la Chine continue d'en faire rêver plus d'un. D'autant que le marché a littéralement explosé en 2 003 avec un boum des ventes de 81%. Pas étonnant que les firmes occidentales - Volkswagen ( numéro Un), General Motors, Peugeot-Citroën, Honda, Toyota...- se soient mises à y produire de plus en plus et à multiplier les lignes de production.

Mais, compte tenu de la législation en vigueur, il leur a fallu passer des alliances avec les entreprises automobiles chinoises à travers des sociétés communes, les fameuses « joint ventures » (dont nous reparlerons plus loin) au gré des décisions et choix gouvernementaux ou provinciaux. Le tout avec des résultats que l'on pourrait qualifier de cocasses s'ils n'avaient pas des conséquences dramatiques pour les constructeurs occidentaux. Ainsi, parmi les trois grands opérateurs chinois, la Shanghai Automotive s'est retrouvée être le partenaire à la fois de l'allemand Volkswagen, et de son concurrent direct, l'américain General Motors tout en étant également l'actionnaire principal d'autres entreprises automobiles chinoises comme Chery, très offensive sur le marché.

On peut aussi citer le surprenant cas du chinois Dong Feng implanté à Wuhan ( province de Hubei dans le centre du pays) et qui est en partenariat avec Peugeot-Citroën depuis les années 1990. Néanmoins en 2003, en pleine folie automobile, Dong Feng a, sans officiellement consulter Peugeot-Citroën, passé une alliance avec Nissan (qui est devenu son actionnaire privé de référence en s'offrant 20% de son capital pour la bagatelle de plus d'un milliard de dollars). Or, comme chacun sait, l'actionnaire majoritaire de Nissan n'est autre que le français Renault. Autrement dit, en Chine, le principal partenaire du groupe Peugeot-Citroën est son concurrent direct en Europe, Renault... Une situation impensable ailleurs.

Plus graves encore , ces cas de contrefaçons industrielles effectuées par des entreprises d'Etat, avec la bienveillance des pouvoirs publics chinois. Rappelons que des constructeurs locaux comme Chery ou Geely qui travaillent main dans la main avec des firmes étrangères sont en réalité poussés en sous main par Pékin. Il faut savoir que le gouvernement Chinois, d'après ce qu'ont laissé entendre certains responsables, aimerait abandonner le marché des grosses cylindrées aux étrangers tout en conservant aux constructeurs chinois le créneau moyen et bas de gamme qui représente, paraît-il, plus de 50% du marché. Et pour atteindre cet objectif, une règle non dite mais parfaitement appliquée laisse aux entreprises chinoises le choix d'utiliser tous les moyens nécessaires pour atteindre les buts souhaités.

C'est ainsi qu'en 2 004, on a vu Chery lancer un modèle extrêmement populaire, la QQ ( on prononce « quiou, quiou ») qui se vend, depuis, comme des petits pains jusqu'en Europe où elle est arrivée il y a quelques mois. Mais, gros problème pour le géant américain GM, cette QQ est en réalité une copie conforme de la Chevrolet Park qui devait sortir six mois plus tard en Chine. On comprend mieux le problème quand on sait que Genral Motors a pour partenaire la Shanghai Automotive , elle même actionnaire de référence à hauteur de 20% dans Chery. Et tout porte à croire, selon des responsables de GM Chine, que la « fuite » ait eu lieu depuis la Corée car General Motors y développait sa Chevrolet Park avec Daewoo. Une enquête est en cours...Quoi qu'il en soit, on constate que le constructeur chinois Chery qui a eu accès à l'ensemble des plans du véhicule ( carrosserie, motorisation...) n'a pas craint de les utiliser sans vergogne et quels que soient les risques encourus vis-à-vis de l'Organisation mondiale du commerce.

Toujours dans la même veine, côté design, Geely, autre constructeur automobile chinois, a récemment sorti son modèle « Geely Mapple » qui est en fait une copie parfaite d'un modèle de chez Citroën, la ZX, produite en Chine depuis 1992. Mais le modèle de Geely est 45% moins cher ( environ 6 500 euros au détail). De l'avis même de cadres de chez Geely, ils s'approvisionnent chez les fournisseurs de composants de Citroën et « bricolent » leur « Mapple » avec ces composants. Et puis, son modèle « Merry » ressemble comme deux gouttes d'eau à une Daihatsu Sirion et, pour couronner le tout, son logo est quasiment identique à celui de Toyota. Cette dernière entreprise a d'ailleurs porté plainte contre Geely ! Voilà comment agissent la plupart des constructeurs Chinois, sans la moindre hésitation. Avec, on le comprend aisément, des résultats douloureux pour les firmes occidentales ainsi piégées.

Ainsi, Citroën pensait-elle arriver à saturation de ses capacités de production en Chine en 2 001, mais la marque aux chevrons n'a finalement atteint son objectif qu'en 2 004 dans son usine de Wuhan ( province du Hubei) en partenariat avec Dong Feng Motors. Une usine ouverte en grande pompe à l'époque et qui devait permettre à Citroën d'éviter les erreurs de jeunesse rencontrées par son constructeur frère Peugeot à Canton ( voir plus loin ). Le groupe PSA avait un taux de pénétration de 9% en 1998 et il est tombé à ... 5,1% en 2 003. PSA a régressé, pas forcement en volume, mais par rapport à la croissance du marché. Ce qui n'empêche pas le constructeur français d'annoncer urbi et orbi des objectifs tous plus ambitieux les uns que les autres. En 1999, par exemple, PSA affirmait être en capacité d'atteindre 13% du marché. Puis 15% . C'est aussi cela l'eldorado chinois, l'effet mirage attrape capitaux.

Pékin veille

En pleine explosion en 2 003, le marché automobile chinois s'est brusquement assagi en 2 004 et dans les années qui ont suivi. En 2 004, en effet, les ventes n'ont progressé que de + 16% soit quatre fois et demi moins vite qu'en 2 003. En 2 005, elles ont carrément régressé ( -14,4 % entre octobre 2 004 et octobre 2 005). Un brusque coup de frein qui ne doit rien au hasard.

En effet, pour tenter d'alléger le fardeau des mauvaises dettes et des créances douteuses qui plombe
le système bancaire chinois le gouvernement de Pékin a décidé de mettre le holà sur le crédit à la consommation. Il s'en est suivi une rapide et immodérée hausse des taux d'intérêt sur les achats de biens d'équipement et des biens immobiliers. Et un brusque ralentissement de la consommation des ménages entraînant une nette limitation de la surchauffe économique. C'est ce que souhaitaient les autorités.

Rappelons au passage que les particuliers chinois ne sont que très peu endettés, essentiellement parce qu'ils considèrent qu'ils n'en ont pas les moyens et parce que, dans les trois quarts du pays, il n'y a pas grand chose à acheter. Pas étonnant que les ménages chinois qui le peuvent épargnent en moyenne jusqu'à 40% de leurs revenus.

Cependant, cette situation ne concerne pas les zones en plein boum comme Shanghai, Pékin, Canton... Là, les gens ne craignent pas de s'endetter pour acheter et spéculer sur l'immobilier et sur l'automobile. On a ainsi vu des « petits » investisseurs acquérir quatre ou cinq voitures pour les revendre avec une forte plus-value à la clé. Tout cela pour dire qu'en Chine, les poches d'endettement sont strictement localisées et liées aux secteurs touchés par la surchauffe économique. Et que, pour sa part, le gouvernement, sans demander l'avis d'aucun des acteurs économiques, n'hésite pas à faire grimper les taux d'intérêt.

D'autant que, contrairement à ce que l'on pourrait croire, le coût d'une voiture reste très élevé en Chine. A l'unité, un véhicule coûte plus cher qu'en Europe où en Amérique du Nord : par exemple, pour acquérir une berline Buick d'une valeur de 36 000 $ aux Etats Unis, un Chinois devra, lui, débourser 40 000 $, soit 11 % de plus. Ce qui s'explique aisément: une automobile comporte de nombreux composants importés et, donc, lourdement taxés à l'entrée en Chine. Ainsi, la Buick, modèle phare de General Motors qui fait rêver des générations de cadres chinois coûte 5% de plus quand elle sort de l'usine de Shanghai que de celle de Detroit aux Etats-Unis.

Le danger du grand marché

Chères, les voitures sont d'ailleurs souvent hors de portée de la classe moyenne chinoise. Cette fameuse classe moyenne qui fait tant fantasmer les Occidentaux reste minoritaire dans le pays. Ses contours sont très flous et son pouvoir d'achat demeure limité. D'après l'Académie chinoise des sciences sociales ( un organisme public, à mi- chemin entre l'Insee et le Conseil économique et social), la classe moyenne désigne les ménages possédant un patrimoine compris entre 14 500 et 30 000 euros, lesquels rassembleraient 19% de la population. Mais, selon un autre rapport de la même académie, la classe moyenne ne désignerait plus que les personnes disposant d'un revenu annuel compris entre 2 000 et 8 000 euros et ne constituerait plus alors que 5% de la population chinoise. Voilà pourquoi, après les gros investissements réalisés ces dernières années dans l'automobile, la Chine s'est retrouvée en surcapacité de production. On comprend mieux, dans ces conditions, les hésitations puis le retrait de Shanghai Automotive au moment de la discussion en vue du rachat de la moribonde MG Rover. En lieu et place d'un rachat en bonne et due forme, la firme britannique en faillite pourrait finir par échoir en pièces détachées et a un tarif dérisoire à Nankin Automotive, un constructeur bien mal en point de Nankin (province de Jiangsu) qui espère se refaire une santé à bas prix en réutilisant le savoir-faire de MG-Rover. Alors qu'en Europe, on expliquait que les constructeurs chinois, dopés par l'expansion du formidable marché local, étaient les seuls au monde à pouvoir s'offrir rubis sur l'ongle l'ex-joyau anglais, en Chine, les analystes affirmaient, eux, qu'après la grande année faste de 2 003, le marché allait entrer en période de vaches maigres. Bel exemple de désinformation...

L'automobile illustre également la manière toute erratique dont fonctionne le marché industriel en Chine. C'est toujours la même musique : après une hausse rapide des ventes en volume, la capacité de production se développe de façon phénoménale, surtout lorsque se déversent à flot les capitaux étrangers. Cela conduit tout droit à la surproduction qui génère elle même une baisse radicale des prix... et la déroute des investisseurs occidentaux ou japonais.

Sur les postes de télévision, par exemple, Huang Hongsheng, le président du groupe Sky Worth, un des plus gros producteurs de téléviseurs couleurs en Chine a déclaré à Sinocast, (un portail d'information internet chinois) : « le profit moyen par télévision est inférieur à 10 Yuans, c'est-à-dire moins de 1 euro. Voilà pourquoi nos fabricants de téléviseurs gagneraient plus à vendre du chou chinois que des écrans.» Un constat que l'on peut malheureusement faire pour la plupart des produits de consommation de masse, la concurrence devenant telle que les profits fondent très rapidement. Dommage que cela ne soit pas expliqué en Occident...