« Il est aujourd'hui de notre devoir envers le peuple algérien et les Chouhada (martyrs) de réclamer des excuses officielles », a-t-il déclaré dans un message lu par le ministre algérien des moudjahidine (anciens combattants), Mohamed Cherif Abbas, à Mostaganem (350km à l'ouest d'Alger). « Nous ne sommes pas cette nation naïve qui oublie facilement ses malheurs et les massacres perpétrés à son encontre ainsi que la dénaturation de son identité et la destruction de son patrimoine », a insisté le chef de l'Etat algérien.
« Les massacres du 8 mai 1945 étaient d'une barbarie et d'une cruauté jamais égalées dans l'histoire aussi bien ancienne que moderne de l'Algérie, d'une sauvagerie que nul ne saurait renier sinon ceux qui sont frappés de sénilité ou d'amnésie ou encore ceux qui pratiquent la politique de la fuite en avant », a dit Bouteflika dans son discours de jeudi.
Le président algérien a appelé l'Etat français à « assumer pleinement ses responsabilités historiques, s'il était véritablement mu par une sincère volonté d'ouvrir une nouvelle page et de jeter les bases d'une amitié authentique bannissant toute forme de rancoeur et de ressentiment ».
Passe d’armes ce week-end entre Bouteflika et le quai d’Orsay
Selon le quotidien algérien Liberté daté du 20 Mai 2006, « revenant comme un leitmotiv, la demande d’excuses semble se faire pressante et non-négociable côté algérien, qu’elle s’impose aujourd’hui comme condition devant déterminer, telle que présentée dans le discours dominant de ces derniers mois, l’avenir des relations entre les deux pays ».
Le journal souligne que « Du côté français, la réaction est venue comme une prémonition, deux jours avant le message du président Bouteflika, par la voix de Catherine Colonna, ministre déléguée aux Affaires européennes » qui a indiqué à l’assemblée nationale que la France souhaitait « une reconnaissance objective et assumée des faits liés à la colonisation de l'Algérie (1830-1962) ». « Laissons aux historiens le soin d'écrire l'Histoire et laissons au temps celui d'apaiser les douleurs », a-t-elle déclaré en invitant Paris et Alger à « faciliter le travail des historiens ».
Puis l’article conclu que « même nuancée et mesurée, la réaction française n’a pas été pour apaiser les ardeurs algériennes ou influer sur le discours du président. Par sa fermeté, tout porte à croire que le dossier du traité d’amitié est suspendu à la reconnaissance française ».
« Paris s’accroche au traité d’amitié » titre aussi le même quotidien sous la plume de Saïd Chekri (Liberté, 20 Mai 2006). Le journaliste indique que « Paris a de nouveau affirmé qu’il est opportun de laisser le débat sur la période coloniale aux seuls historiens, par la voix du porte-parole de son ministère des Affaires étrangères, Jean-Baptiste Mattéi ».
Ce dernier a déclaré lors du point de presse hebdomadaire du Quai d’Orsay qu’ « il appartient aux historiens et aux chercheurs de se pencher sur le passé », estimant que « ce n’est pas à une lecture officielle » de ce passé que l’on doit procéder aujourd’hui et qu’il ne lui appartenait pas de « commenter toutes les déclarations du président algérien (…) », avant de conclure que la France « veut travailler au renforcement des relations bilatérales (…) » et conserve encore « l’objectif de conclure un traité d’amitié » avec l’Algérie ».
Toujours selon Saïd Chekri « les déclarations officielles des deux côtés de la Méditerranée semblent renvoyer la signature d’un tel traité, initialement prévue pour fin 2005 au plus tard, aux calendes grecques, si tant est qu’elles ne finiraient pas par tuer le projet dans l’œuf ».
Même analyse péssimiste pour A. Benchabane, du quotidien El watan (20 mai 2006) qui affirme que « Ni Paris ni Alger ne sont en mesure de donner un élan décisif à ce traité auquel semble tenir, de façon singulière, le président français » et « Du côté français, on continue d’entretenir la flamme en ce sens où l’on considère que le projet n’est pas encore torpillé ».
Les USA, la Chine et la Russie
La France s'efforce de consolider son influence dans le deuxième pays le plus vaste d'Afrique, dont les richesses en hydrocarbures et les projets de développement des infrastructures suscitent l'intérêt des Etats-Unis et d'autres puissances telles que la Chine et la Russie.
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