L’huile d’argan, l’ancestral produit berbère aux mille vertus alimentaires, nutritionnelles, cosmétiques et thérapeutiques, séduit aujourd’hui la planète entière. Mais l’arganier est en voie de disparition.
Le charme des femmes berbères est légendaire. Le secret : l’huile d’argan. Un précieux liquide obtenu en pressant l’amande du fruit de l’arganier. Cet arbre, menacé et inscrit au patrimoine mondial de l’UNESCO en 1999, ne pousse que dans le sud du Maroc. La récolte de ses fruits est faite traditionnellement par les femmes, qui en extraient l’une des huiles les plus rares au monde.
L’huile d’argan a franchi les frontières du désert, puis de la Méditerranée, pour finalement conquérir le monde devenant en quelques années un produit miracle pour de nombreux professionnels qui lui trouve des usages multiples.
Pionnière, la société française Argania a commencé à distribuer l’huile sous sa forme alimentaire en France en 1997. La société commercialise une huile vierge d’Argan de « qualité gastronomique dont l’origine et la pureté sont garanties » au prix de 30,00 € la bouteille de 200 ml. Selon Argania « Une douzaine d’heures de travail et environ 100 kg de fruit frais sont nécessaires à la fabrication d’un seul litre de ce véritable or liquide. »
Masques et démaquillants à l’huile d’argan
Aujourd’hui le succès est mondial. Pourtant cette huile avait tous les préjugés contre elle : c’est un produit de femmes, de femmes berbères de surcroit. Une légende prétendait aussi que les habitants de l’arganeraie récupéraient les fruits dans les déjections de chèvres, friandes des feuilles de l épineux.
Dans le domaine des cosmétiques, laboratoire pharmaceutique Pierre Fabre a été le premier à exploiter à grande échelle les vertus du liquide ambré sous la marque Galénic. Aujourd’hui Galénic offre toute une gamme de produits Argane destinées à freiner la dégénérescence des tissus.
Apres Galénic, c’est toute l’industrie des cosmétiques qui s’est emparé de l’argan. Les femmes peuvent désormais entretenir leur jeunesse avec les masques, peelings et démaquillants de la société bordelaise AR 457, qui vend en ligne une gamme de produits, entre 38 et 69,50 e l’unité. Les magasins « Nature et Découvertes » proposent, eux aussi l’or liquide du désert, 100 % naturel, pour 15 € les 50 ml.
L’arganier est un véritable outil de développement local
Si jusque ici le produit miracle n’a profité jusqu’ici qu’a quelques importateurs et industriels européens, les populations berbères commencent à s’organiser. L’arganier est ainsi devenu « Véritable outil de développement » selon Laurence D. auteur d’un remarquable reportage « Femmes berbères et arganier : une histoire d’amour » sur la coopérative d’Ajddigue située dans le petit village de Tidzi à 25 km au sud d’Essaouira.
« Des dizaines de femmes et de familles vivent depuis 1998 grâce à cette coopérative. Bien sûr, elle leur donne du travail et donc des revenus supplémentaires bienvenus mais elle leur offre aussi, durant le travail, l’école aux enfants. Les femmes ont également été alphabétisées ».
Toujours dans le même article on y apprend que « tout dans l’arganier est bénéfique. Il empêche la désertification, le "bois" de l’amandon sert à chauffer les familles, la pulpe est destinée à nourrir le bétail et l’huile, extraite à partir d’amandons grillés, a de grandes qualités pour la santé et gastronomiques. Cette huile "extra vierge", pressée à froid, d’une qualité exceptionnelle est régulièrement contrôlée par un laboratoire officiel ».
Il est même possible d’acheter les produits de cette coopérative en visitant leur site : http://www.argane-maroc.com/.
Menace de déforestation
Malheureusement, selon le quotidien le Matin, « en moins d’un demi siècle, relèvent les spécialistes, la densité moyenne de l’arganeraie est passée de 100 arbres / Ha à 30 arbres / Ha, tandis que les superficies couvertes régressaient en moyenne de 600 Ha par an. Cette situation n’a pas seulement des conséquences négatives sur l’écosystème mais a aussi de graves répercussions sur l’économie de la région ».
En cause l’abattage sauvage et le surpâturage mais pas seulement. Ainsi selon le quotidien marocain Al Bayane la localité de Taroudant serait dans une situation catastrophique fait état de « l¹abattage de centaines d¹arbres d¹arganiers étendus sur les centaines d¹hectares », en ajoutant que « cela appauvrira davantage les citoyens » et que cela « fragilise le tissu culturel, économique et social, accentue davantage les crises et grossit les rangs des immigrants ».
Le quotidien souligne la passivité « des élus locaux et autorités locales qui restent les bras croisés devant cette transgression dans la protection des biens communs ». L’arganier est « le dernier rempart contre la désertification de la région de la plaine de Souss. Il est également la première source de vie des habitants des douars de toute la région ».
En cause les populations berbères seraient spoliées de leurs terres par « de puissantes fortunes nationales », que « ces terres sont acquises presque gratuitement » en usant de « pressions diverses ». « œuvrent par tous les moyens légaux et illégaux, pour pratiquer une agriculture qui épuise excessivement l¹eau des nappes, utilise toutes sortes de pesticides ».
Pour avoir tenté de défendre leur droit, de dizaines de jeunes de la localité de Tamsoult sont traduits devant la justice. Ils sont inculpés pour différents chefs d¹accusation tel que « humiliation de fonctionnaire en plein service », « destruction de biens d¹autrui »
Pour plus de détails sur les problèmes des familles et des habitants de la localité de Tamsoult, adressez-vous à ces deux détenues dont les numéros de téléphone sont les suivants- car ils ont besoin de soutien et d’aide :
Hassan Ayt Hmad : 062.81.46.09.
Ayt Aliouat Mohamed : 070.37.36.09.
Les Chroniques du [CyberKabyle].
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