A trop vouloir contrôler l’économie nationale, le gouvernement a fini par la plomber sérieusement. Depuis quelques années, l’équipe au pouvoir s’attèle à modifier les lois, à introduire de nouveaux textes réglementant l’activité économique et les investissements nationaux et étrangers. Le gouvernement a mis en place de nouvelles procédures pour la création d’entreprises. Il a interdit le recours aux financements extérieurs. Récemment, il a modifié la durée du registre de commerce et classé certaines activités sensibles nécessitant des agréments spéciaux.
Le gouvernement a également gelé la quasi‑totalité des projets d’investissements présentés par le privé algérien et multiplié les barrières d’entrée sur le marché algérien aux investisseurs étrangers, comme l’exigence de céder 51 % du projet à capital national, ou l’engagement d’investir pour décrocher un marché public. Dans les milieux d’affaires nationaux et étrangers, l’incompréhension est totale sur la nouvelle politique économique de l’Algérie. Même les projets considérés comme prioritaires à l’image de l’implantation d’une usine automobile sont touchés par cet acharnement. Aux projets d’investissements présentés par Renault et Volkswagen, le gouvernement prend son temps et « réfléchit ».
« Le gouvernement veut créer des emplois et des richesses, mais dans le même temps, il complique la création d’entreprises. Pour obtenir l’agrément d’ouverture d’une société de télésurveillance, il faut attendre plusieurs mois. Ces retards sont synonymes d’emplois perdus », se plaint le PDG d’un groupe privé qui a requis l’anonymat.
L’importation du matériel destiné à la télésurveillance est soumise en effet depuis 2009 à des agréments délivrés par le ministère de l’Intérieur. Or, « aucun agrément n’a été délivré. Aucune société n’a été créée dans la télésurveillance », affirme le même chef d’entreprise qui attend son agrément depuis plusieurs mois. « De commission en commission, le dossier de création de ma société traîne. Cela fait six mois que j’attends », dit-il. « Il y a six ans, le délai de création d’une entreprise en Algérie était d’une semaine, aujourd’hui, il faut plusieurs mois et le franchissement de plusieurs obstacles bureaucratiques », se plaint un autre chef d’entreprise qui souhaite diversifier ses activités.
Le durcissement des conditions de la création d’entreprises s’est accompagné du blocage de plusieurs projets d’investissements présentés par des groupes locaux et étrangers, faute de l’accord du gouvernement. Les exemples sont nombreux dans le ciment, l’immobilier, l’automobile, l’agriculture, la banque, etc.
Les chefs d’entreprises ne comprennent rien. « On n’a pas d’interlocuteur direct. On ne connaît pas les raisons du blocage », explique le patron d’un groupe privé. Les investisseurs étrangers peinent aussi à comprendre ce que veut le gouvernement algérien en matière d’investissement. En confondant souvent régulation et mainmise de l’Etat sur l’économie, le gouvernement a fini par plomber l’économie nationale. Résultat : le chômage endémique pousse les jeunes à prendre la mer pour immigrer clandestinement ou, phénomène nouveau, à tenter de s’immoler par le feu pour réclamer du travail.
Aujourd’hui, le gouvernement demande aux entreprises et banques publiques de créer des emplois sociaux pour absorber la grogne des chômeurs. Mais le secteur public, déjà affaibli par des années de gestion approximative, aura du mal à créer des emplois durables. La majorité des entreprises publiques connaissent des difficultés financières et présentent des effectifs pléthoriques. Le secteur privé, qui peut créer réellement des emplois se plaint de blocages et des difficultés pour investir. « Si le gouvernement veut créer des emplois, il doit libérer les initiatives », estime un patron privé.
Les Chroniques du [CyberKabyle].
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