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24 janvier 2007

Nouvel Album de Tinariwen « AMAN IMAN »


Le rock des dunes.

Imaginez une tribu de nobles guerriers du désert, vêtus de djellabas bigarrées et armés de guitares électriques pour psalmodier un blues qui n’a rien à envier à celui de B.B. King ou de Ry Cooder. Une musique hypnotique, lancinante, ponctuée de riffs acérés et de percussions aquatiques, comme la rencontre des Rolling Stones des débuts avec une chorale de muezzins survoltés. Après tout, ainsi que l’a toujours affirmé Ali Farka Touré, regretté griot des douze mesures, le blues est né en Afrique… Et Tinariwen, les hommes bleus à l’âme blues, le prouvent. Héros de la rébellion touareg du début des années 90 contre le pouvoir malien (on en a vu monter à l’assaut kalachnikov en main et guitare en bandoulière) ils demeurent aujourd’hui les hérauts d’une résistance opiniâtre contre toute forme d’oppression. Leurs chants de révolte, d’errance et d’amour sont entrés dans la légende locale et ont conquis la planète. Des stars du rock comme Carlos Santana, Robert Plant, Taj Mahal ou Elvis Costello ne jurent que par eux, Thom Yorke, leader de Radiohead, a même avoué s’être inspiré de leur musique pour composer une partie de son album solo, The Eraser.

Après avoir tourné dans le monde entier, les Tinariwen publient enfin leur troisième album. Il s’intitule « Aman Iman », l’un des dictons favoris des Touaregs, fiers nomades sahariens pour qui « l’eau c’est la vie ». Enregistré en une dizaine de jours à Bamako, sous la houlette du producteur Justin Adams, le disque est sans conteste le meilleur du groupe. En douze morceaux tournoyants et voluptueux, on retrouve, intacts, ces éclats de guitare que ne renieraient point un Keith Richards ou un Jeff Beck, ces mélopées envoûtantes qui évoquent la douceur d’un coucher de soleil sur le désert, ce mélange de langueur sensuelle et d’âcre énergie. Bref, tout ce qui faisait l’essence du blues, puis du rock, restitué ici avec une pureté immaculée. Entre chants de lutte et d’espoir, poésie insurgée et ballades amoureuses, les Tinariwen, ces fils des sables et du vent, réinventent une musique originelle, limpide, une musique des racines, qui parle au corps, au cœur et à l’âme. Et si c’était eux, le meilleur groupe de rock du monde ?

Philippe Barbot

Les Chroniques du [CyberKabyle].

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