Rechercher dans ce blog

19 janvier 2007

Pendant que la Kabylie coule Euskadi s’émancipe


Pendant que la Kabylie prisonnière d'un état anachronique sombre de plus en plus dans la pauvreté, en Euskadie l’activité économique bat son plein.

Le musée Guggenheim, à Bilbao. Amorti en un an et demi, il a fait de la ville une destination touristique mondiale.

C’est un choc, dont le Premier ministre espagnol José Luis Zapatero vient de tirer les conséquences devant le Parlement. Revendiqué par l’ETA, l’organisation indépendantiste armée basque, l’attentat du 30 décembre à Madrid a mis selon ses termes un « point final » au processus de paix engagé il y a six mois. C’est un échec pour tout le monde, à commencer par les autorités basques, qui s’efforcent de mettre en avant la réussite économique de leur petit territoire.

En plein marasme au début des années 90, Euskadi, le Pays basque espagnol, affiche en effet une croissance de 3,9 %, mieux que l’Espagne (3,4 %), et beaucoup mieux que la moyenne européenne (1,6 %). « Nous sommes le troisième pays de l’Uni on européenne en termes de produit intérieur brut par habitant », se félicite Iñaki Tellextea, ministre de la Technologie et du Développement industriel au sein du gouvernement basque issu du parti nationaliste (PNV). Dans la salle de réunion du ministère, le drapeau rouge-vert-blanc d’Euskadi voisine avec le drapeau européen ; les couleurs espagnoles, elles, sont absentes.

Alors que les extrémistes de l’ETA revendiquent l’indépendance à coups de voitures piégées, les Basques se prennent déjà… pour un pays. Doté depuis 1981 d’une autono­mie politique et économique étendue, ils en ont « presque tous les attributs , à part la diplomatie, les forces armées et la douane », préci­se Iñaki Tellextea. Au moment où l’Europe tremble devant les délocali­sations, « nous avons mis en place une politique industrielle », poursuit le ministre devant une délégation de députés et de sénateurs français venus s’inspirer de l’improbable success story basque.

Pragmatiques, les autorités régionales ont fait appel à Michael Porter, gourou du management à Harvard, qui a proposé aux entreprises une mise en commun des efforts de R & D et de formation au sein de clusters propres à chaque filière industrielle. Adopté. « Dans un petit territoire, on se connaît tous, c’est plus facile de décider ensemble », indique Iñaki Tellextea.
Aujourd’hui, l’industrie basque s’enorgueillit d’un fleuron atypique, Mondragón, une coopérative jésuite devenue une multinationale de 70 000 salariés, présente dans une quarantaine de pays, exportatrice de machines-outils, de machines à laver (Fagor), d’autocars (Irizar)…
Le chômage, qui touchait près du quart de la population active il y a vingt-cinq ans, est tombé sous les 5 %. Et puis « nous avons misé sur la culture comme vecteur de croissance, un pari insensé », se souvient Juan José Ibarretxe, le président nationaliste de la région autonome basque.

Conçu par l’Américain Frank Gehry, inauguré il y a dix ans, le monumental musée d’art contemporain Guggenheim, avec ses courbes de titane, ses expositions prestigieuses, a été « rentabilisé en un an et demi, un record », et a fait de Bilbao, industrielle et pluvieuse, une destination touristique mondiale. Juan José Ibar­retxe s’enthousiasme : « Imaginez un peu ce que serait le Pays basque sans le terrorisme ! »

Source Eve Charrin, Challenges, 18.01.2007

Les Chroniques du [CyberKabyle].

Aucun commentaire: