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23 février 2010

Corruption en algérie : Opération "main propre", lutte des clans ou quête de virginité ?

Actuellement, une grave affaire de corruption agite la scène médiatique algérienne. Des "fuites" sur une enquête des services de renseignement algériens sont apparues dans la presse. Ces enquêtes concernent essentiellement les appels d'offres sur l'autoroute Est-Ouest et les contrats de gré-à-gré de la puissante compagnie pétrolière SONATRACH avec une compagnie italienne qui éclabousse l'entourage proche du ministre de l'énergie, membre du clan présidentiel.

S'agit il d'une authentique opération "main propre"  en vue de moraliser la gestion des affaires publiques ?

Le professeur de droit Mohand Issaâd, auteur du rapport du même nom sur le "Printemps Noire" de 2001, écarte cette hypothèse d'un revers de la main:
« Campagne "mains propres" ? Non… non… je ne le pense pas. Il y a trop de saletés pour penser qu’on puisse les faire partir ainsi d’un simple coup de balai… On ne peut pas faire tout cela d’un seul coup, sans au préalable mettre beaucoup de choses au point. Cela demande une préparation de longue haleine, en admettant qu’il y ait une volonté réelle de faire campagne. Celle-ci, pour l’heure, ne se manifeste pas ; en tout cas, il faudrait attendre. Il n’y a que les journalistes, à mon sens, qui la présentent comme une campagne "mains propres". Quant à l’enjeu, ce ne peut être que le pouvoir. Tous les spécialistes de sciences-po vous le diront. A ce niveau de responsabilité, quand cela touche au plus haut sommet de l’Etat, les luttes de clans n’ont d’enjeu que le pouvoir. » (El Watan, 17/02/2010)
Mais s'il ne s'agit pas d'une affaire de lutte contre la corruption, alors il s'agit des traditionnelles luttes de clan, dont l'Algérie est coutumière ?

La thèse de la lutte des clans, est largement partagé par la population algérienne et par la presse nationale et internationale. Ainsi selon l'hebdomadaire satirique français "Bakchich info but est le reprise en main du pétrole" il s'agirait d'une guerre entre les services de renseignements dont l :
Alors pourquoi cette déclaration de guerre et pourquoi aujourd’hui ? Ces derniers temps, Boutef a franchi une doublede la DRS et Abdel Aziz Bouteflika : ligne jaune. D’abord, le chef de l’État a mis en avant son frère Said, conseiller à la Présidence, comme un successeur possible. « C’était oublier, commente un diplomate français, qui l’a fait Roi ». Deuxième souci, le président algérien a multiplié depuis l’automne les déclarations fracassantes contre la corruption, notamment pour « les postes à responsabilité sensible ». Le genre de déclarations que les militaires algériens n’aiment guère. (Bakchiche info, 04 février 2010)
La thèse de la lutte entre la DRS et la présidence est aussi partagée par le politologue Rachid Thlemçani :
« Les scandales révélés dénotent clairement qu’il y a des luttes de clans au sein du pouvoir. Une lutte entre le clan présidentiel et le DRS qui n’ont pas trouvé d’autre issue, d’autre moyen d’expression que le scandale. A mon avis, c’est le DRS qui mène le jeu. Les scandales révélés ne sont pas déconnectés de la réalité sociale qui exerce une pression énorme. Plutôt que d’ouvrir un débat contradictoire et démocratique, on essaie de désamorcer par ricochet, par intermédiaire, de le différer. Ces luttes au pouvoir ne sont pas un leurre pour autant, car elles ont toujours existé. Cependant, il y a des moments où elles crèvent les yeux. » « Le timing est un élément important. Ces affaires ne sont pas aussi déconnectées du bilan présidentiel. La politique menée par le président Bouteflika depuis plus d’une décade s’est soldée par un taux de chômage très élevé, une crise du logement qui persiste malgré les millions de logements construits, la croissance économique n’est pas au rendez-vous et il y a un mouvement social de contestation qui n’a jamais existé dans l’histoire de l’Algérie indépendante. C’est là également une donnée fondamentale. Les classes populaires, le peuple en général, rejettent les élites politiques au pouvoir. »
Mais une autre théorie est défendue par certains. Pas de lutte d’influence dans le sérail.

Il s'agit pour la présidence de retrouver une virginité en sacrifiant certains éléments.

« la lutte contre la corruption est menée essentiellement par le chef de l’Etat », telle est la petite phrase du Premier ministre Ahmed Ouyahya, l'homme de la DRS, prononcée mercredi 3 février en marge du « sommet » de l’Alliance présidentielle. le Département du renseignement et de la sécurité (DRS) n’est qu’un « exécutant ».

Ainsi Mohamed Chafik Mesbah. Officier supérieur du DRS à la retraite, docteur d’Etat en sciences politiques de l’université d’Alger et diplômé du Royal College of Defence Studies britannique déclare :
« Il y a, à mon sens, une volonté de solder tous les comptes. Ce qui fait que ces scandales qui mettent en cause le clan présidentiel et ses hommes leur serviront au moins à leur assurer l’impunité après leur départ. On fera certainement des procès retentissants, mais dont l’objectif est de disculper les politiques. En définitive, le politique gardera le monopole de la corruption mais aussi celui de la lutte contre la corruption. » (El Watan :: 17 février 2010)
En définitive, personne n'y comprend rien à la politique algérienne ...

Les Chroniques du [CyberK@byle].

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