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30 novembre 2006

L’Algérie met à contribution sa diaspora : Groupes de pression, lobbying et diplomatie parallèle.


« Les associations à l’étranger vont se constituer en groupes de pression. La diaspora algérienne s’organise » titre le quotidien algérien El Watan du 23 novembre 2006 sous la plume du journaliste Hassan Moali qui semble également indiquer une volonté de l’Algérie de peser sur les prochaines élections présidentielles en France.

Dans les années 1970-80, l’Algérie contrôlait la communauté algérienne expatriée, avec la bienveillance de l’Etat franças, via la tristement célébre « Amicale des Algériens en Europe ». Les activités de « l’Amicale », comme on l’appelait, sont entre autres relatés dans le texte autobiographique et auto-édité du militant berbériste Mohand Aarav Bessaoud, « De Petites gens pour une grande cause ou l¹Histoire de l¹Académie berbère (1966-1978) ».

Les activités de l’Amicale (laquelle était dirigée par des officiers de la SM, la Sécurité Militaire) allaient du renseignement sur les émigrés algériens en France à l’infiltration de leurs mouvements et associations, en passant par le contrôle de leurs activités culturelles.

Par exemple les affiches des concerts d’artistes kabyles jugés subversifs, comme Slimane Azem ou les Abranis, étaient arrachées. Des bagarres etaient oragnisées dans les salles de ces concerts pour dissuader le public d’y assister et les proprietaires à louer leurs salles. Seuls les artistes kabyles officiellement approuvés par le régime, comme Cherif Kheddam et Akli Yahiatene , pouvaient se produire en toute tranquillité... sur le territoire français. En cas de manifestations d’opposants au régime, les CRS français se chargeaient de les arreter et de les conduire dans leurs fourgons ... où les manifestants avaient la surprise de trouver des representant de l’amicale qui prenaient leurs papiers et notaient leurs noms. Depuis, cette organisation, sans doute trop génante pour les autorités françaises, à été dissoute.

On croyait en avoir fini avec cette époque, mais il semblerait que l’arrivée de Bouteflika au pouvoir en Algérie ait actionné la machine à remonter le temps. Ainsi le quotidien algérien El Watan du 23 novembre 2006 titre sous la plume du journaliste Hassan : « Les associations à l’étranger vont se constituer en groupes de pression. La diaspora algérienne s’organise » ce qui semble indiquer une volonté de l’Algérie de peser sur les prochaines élections présidentielles en france.

D’emblée, l’article annonce les intentions du ministère des « affaires étrangères » à l’égard des « chancelleries algériennes à l’étranger, notamment en Europe et aux Amériques ».

Les affaires étrangères viennent, en effet, d’instruire les chancelleries algériennes à l’étranger, notamment en Europe et aux Amériques, de s’ouvrir sur les communautés et leur fournir aides et assistance pour s’affirmer dans les pays d’accueil. Cette feuille de route n’est pas tombée dans l’oreille d’un sourd puisque le consul général d’Algérie en France, Abderrahamane Meziane Chérif, a réuni, il y a quelques jours, les représentants du mouvement associatif algérien en France pour leur faire part de ce que l’Algérie attend d’eux. Et de l’autre côté de l’Atlantique, au Canada, son homologue, Abdelaziz Sebaâ, lui renvoie l’écho, en appelant les associations algériennes à « constituer un réseau de solidarité et d’entraide ».

Vers une diplomatie parallèle

Le fait que le gouvernement algérien a pris maintenant conscience de l’importance, mais surtout de la nécessité d’encadrer ses ressortissants d’ailleurs, notamment dans les grands pays, est déjà un pas en avant dans le processus visant à créer une sorte de diplomatie parallèle au grand bénéfice du pays. « Il est nécessaire d’élargir notre vision dans le cadre d’une nouvelle démarche, en favorisant la création d’associations socioprofessionnelles d’un type nouveau. » Ce propos du consul général d’Algérie en France résume parfaitement ce souci, nouveau, de rétablir les liens entre l’Algérie et ses enfants. M. Sebaâ, lui, appelle publiquement les Algériens du Canada à « s’affirmer en tant que minorité visible ».

Le Consulat général d’Algérie en France lance l’« Opération toile d’araignée »

Cette information est corroborée par une autre source, Rémi Yacine, correspondant à Paris pour le même quotidien, qui fait état d’une Conférence au Consulat général d’Algérie en France « devant un public trié sur le volet, dont Maître Vergès » visant au lancement d’une « opération toile d’araignée ».

Le consul général entend développer ses relations avec le monde associatif. « Les structures consulaires n’interviennent que comme catalyseurs et sont au service de la communauté sans autre ambition que de voir émerger des associations autonomes, dynamiques et pleinement représentatives. Il est nécessaire d’élargir notre vision, dans le cadre d’une nouvelle démarche, en favorisant la création des associations socioprofessionnelles d’un type nouveau, à l’instar de l’Association des médecins d’origine algérienne en France. » Un de ses amis ira jusqu’à le qualifier de « Spiderman » pour souligner sa capacité à tisser une toile d’araignée pour fédérer les nombreuses organisations.

En ces périodes d’éléctions présidentielles, il faut donc s’attendre une série d’opérations de lobbying tout azimut de la part d’« associations » proches du pouvoir algérien. Nous connaissions déjà Planet Dz, une association culturelle animée par des enfants de la nomenklatura algérienne qui coulent des jours heureux à Paris, loin de la politique d’arabisation et d’islamisation mise en place par leurs parents au pays. A travers leur association, bien évidemment subventionée par plusieurs organismes publics français, ils organisent à Paris de nombreuses manifestations artistiques algériennes (d’ailleurs souvent de bonne qualité).

Plus récement, le magazine GEO a publié un publi-reportage sur une Algérie des Milles et une nuit. Ce numéro spécial du fameux magazine de voyage était une ode à la politique de réconciliation initiée par A. Bouteflika. Contacté par Kabylie News, le responsable de publication du magazine GEO, sans doute un peu honteux, n’a pas daigné répondre à nos courriers.

Sarkozy dans la peau de Chirac : il est dithyrambique à propos de Bouteflika

Mais dans ces conditions, difficile de ne pas voir de sous entendu dans la visite de Sarkozy à Alger chez son grand "ami" Bouteflika . L’actuel ministre de l’intérieur et futur candidat à la présidence ne s’est pas contenté d’une opération « cirage de babouches et serrages de paluches ». Il a pu discuter en privé pendnat 5 heures avec Boutef, les yeux dans les yeux (n’y voyez aucune considération anatomique). Si la presse fait état des salamaleks qu’ils se sont échangés, rien n’a filtré de leurs propos.

Mais un autre article du même Hassan Maoli dans El Watan daté du 27 novembre 2006 et sobrement intitulé « Sarkozy remercie Bouteflika » lève une partie du voile. Le journaliste relate le contenu d’un courrier de remerciement « truffée de messages subliminaux qui vont au-delà d’un discours de circonstance et de courtoisie ».

Le ministre français de l’Intérieur mais surtout potentiel candidat de l’UMP à l’élection présidentielle prévue pour mai prochain, a renvoyé l’ascenseur au président Bouteflika, le remerciant pour le « succès » de sa visite en Algérie dans une lettre qu’il lui a adressée. « Ce voyage en Algérie était très important pour moi et je me réjouis qu’il se soit si bien déroulé. » Voilà qui lève un coin du voile sur les implications politiques, voire électoralistes du crochet du leader de la droite française en Algérie.

« Je sais la part déterminante que vous avez prise dans ce succès et je ne l’oublierai pas », note Sarkozy dans son message de reconnaissance au président de la République suggérant ainsi qu’il lui a sauvé la face à quelques mois de la présidentielle dont les voix des immigrés pourraient peser lourd dans le décompte final.

Et le ministre français de l’Intérieur ne tarit pas d’éloges à l’égard de son hôte qu’il couvre d’adjectifs aussi flatteurs les uns que les autres. « Sachez que j’ai passé en votre compagnie des moments particulièrement agréables et enrichissants. La pertinence de vos analyses sur la relation bilatérale comme sur les grandes questions internationales suscite mon plus grand respect. »

Et au détour des belles formules, le ministre de l’Intérieur enfile le costume de présidentiable pour se projeter, avec Bouteflika, dans une perspective politique beaucoup plus intéressante. « J’ai constaté avec plaisir que nous partagions un grand nombre de préoccupations (...) J’ai également été heureux de recueillir vos analyses si sages sur le sens de l’amitié franco-algérienne à laquelle, comme vous, j’attache la plus grande importance. ».

Le « comme vous » sonne ici comme une promesse d’avenir. Sarkozy ne s’encombre même pas de suppositions en lançant à Bouteflika cette promesse-engagement : « Vous pouvez compter sur ma détermination à ancrer cette relation dans l’avenir, car elle doit servir de modèle d’association pour l’ensemble des relations entre la Méditerranée et l’Union européenne. »

Pour conclure sur la "Françalgérie" : La « très officielle » Visite de Zidane en Kabylie

Les grandes manoeuvres mediatiques sont en cours. Ainsi selon le quotidien La dépêche de Kabylie, l’entourage familial de Zidane « laisse entendre sans réserve » que la « visite tant attendue » sera entamée le 11 décembre prochain, et ce « même si l’information n’est pas encore confirmée par un canal officiel, apparemment en charge du moindre détail du prochain voyage ».

« Dans sa localité comme partout en Kabylie, on ne parle que de cette virée des plus attendue. On se pose toutefois plein de questions sur la nature de ce voyage qui selon des informations ébruitées, revêtira un caractère « très protocolaire ». Il semblerait que cette visite de Zidane serait classée très officielle avec toute l’armada protocolaire requise pour une visite d’Etat : avion spécialement affrété, délégation accompagnatrice spéciale de personnalités françaises, son séjour en Algérie serait arrêté de concertation très étroite avec l’ambassade de France à travers laquelle la visite est initiée par les autorités françaises, rencontres au sommet de l’Etat qui ne laisseront vraisemblablement pas le temps aux visites populaires... »


La Chronique du [CyberKabyle].

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