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28 novembre 2006

Le plan Marshall pour la Kabylie : juste des paroles en l’air

François Miterrand, l’ancien président français, affirmait que "les promesses n’engagent que ceux qui y croient". Il semble que les dirigeants algériens se soient montrer des élèves attentifs de cette leçon et qu’ils n’hésitent pas à mettre en pratique les techniques du Maître.

Ainsi le fameux "plan Marshall pour la Kabylie", "le financement du rattrapage de la Kabylie", "Il y a de l’argent pour la Kabylie", toutes ces promesses faites par l’ex premier ministre Ouyahya, le premier ministre actuel Belkhadem ou le président algérien Bouteflika, ne se sont jamais concrétisés.

Ces effets d’annonces étaient pourtant largement relayés par les grandes agences de presse internationales (AFP, AP et Reuters) ainsi que le quotidien parisien le Monde, excellent relais de la propagande du régime algérien, sous la plume de Jean-Pierre Tuquoi, grand lécheur de babouches devant l’éternel, dans son article intitulé « A Alger, l’afflux de devises n’empêche pas le clientélisme » (20 août 2005) indiquait qu’« en attendant les lendemains qui chantent promis par les plans de relance, la majorité des Algériens a la conviction que la manne pétrolière continue à alimenter un système fondé sur le clientélisme, qui profite comme par le passé à une minorité ... C’est en partie en versant des subsides qu’aurait été arrachée par Alger la paix en Kabylie, une région en dissidence ouverte. »

Mais concrètement que reste il du plan Marshall pour la Kabylie ?

Le 4 novembre dernier, la Dépêche de Kabylie, annonçait que « Tizi ne consomme que 22% de son budget annuel. L’argent de la Kabylie retourne au Trésor public ». Selon ce même article, « lors de la campagne présidentielle de 2004, lorsque Bouteflika, en tournée à Tizi Ouzou, lançait à l’assistance présente à son meeting que l’argent de la Kabylie est là et personne ne pourra le prendre ».

Le département de Bgayet (Bejaia), n’est pas épargne non plus. Le quotidien Liberté annonçait récemment au sujet du secteur de la prévention médicale « La wilaya a bénéficié de 24 milliards de cts, répartis sur deux tranches dont la dernière a été débloquée en août dernier. De cette importante cagnotte, pas un sou vaillant n’a été utilisé à ce jour !", et "Le système de la santé pour la wilaya de Béjaïa est l’un des plus mauvais du pays", "Il y a un désordre multiforme à Béjaïa. Il résulte d’une absence totale de management. »

A cela s’ajoute la récession économique qui frappe le secteur privé. Ainsi selon le quotidien Liberté daté du 22 novembre, « Cette récession économique interpelle au plus haut point la Chambre de Commerce du Djurjdura, une organisation qui regroupe les wilayas de Tizi Ouzou et Bouira, et forte de 70 000 affiliés, dont 700 membres. Le problème récurrent soulevé par les intervenants reste celui des zones industrielles, d’activités et de dépôts. “Les zones d’activités, censées être la vitrine économique de la wilaya, qui sont devenues de véritables repoussoirs. C’est un outil dans un piteux état”, dénonce Ameziane Medjkouh (le président de la Chambre de commerce). Outre cette situation déplorable d’un substrat de développement économique, l’orateur s’interroge également sur le sort réservé à l’Observatoire des investissements, un instrument composé de patrons d’entreprises et de l’administration et dont la raison d’être est théoriquement d’insuffler une dynamique économique dans la région. Cet Observatoire ne s’est pas réuni depuis cinq ans. »

Mais il ne s’agit pas vraiment d’un phénomène récent selon le professeur Said Doumane, spécialiste en économie de la Kabylie, et enseignant au Centre de Recherche Berbere de l’INALCO. Il affirme que « à partir de 1980, on assiste à un net reflux des investissements étatiques, reflux directement lié à la protesta inaugurée par le "printemps berbère". Une sanction politique pernicieuse non assumée dont la Kabylie continue à payer le prix et de façon encore plus draconienne depuis avril 2001. Aujourd’hui, délaissée économiquement par l’Etat et sans projet de développement propre, la Kabylie sombre de plus en plus dans la pauvreté. L’émigration de travail se raréfiant d’année en année, l’économie traditionnelle abandonnée, les subsides publics se tarissant, les investissements privés et internationaux découragés, la Kabylie est économiquement dans l’impasse .... »

Evidement chacun se rejete la faute. Les élus locaux accusent l’état algérien tout en rappellant leur attachement à l’état-algérien-uni-et-indivible. Le ministre de l’interieur propose un redécoupage adminsitratif afin d’augmenter le nombre de prefets (waly) afin de palier a l’incompetence des élus loceaux.

Devant cette foire d’empoigne qui mele corruption, incompetence et sanctions ... reste le Peuple Kabyle qui paie.



La Chronique du [CyberKabyle].

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