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15 novembre 2006

Sarkhozy et Bouteflika, une rencontre petits bras


" ... De son coté le petit Abdelaziz brille surtout par ses abscences. Il prospère sur du vide. La vie politique algérienne est paralysée. Les dossiers les plus sensibles sont en suspens. Les reformes importantes sont oubliés. Le tout entrecoupé par des disparitions mysterieuses ..."
Il a fallu que Sarkhozy aille en Algérie pour que l'on se rende compte à quel point il est petit. D'ailleurs si Bouteflika l'adore c'est sans doute parce qu'il a enfin trouvé quelqu'un qu'il peu regarder dans les yeux sans se prendre un torticolis. Évidement si cela ne se résumait qu'à des considérations anatomiques, cela ne serait pas grave. Ainsi Sarkhozy qui n'a que le mot "rupture" à la bouche nous ressert une diplomatie dans le plus pure style chiraquien. Au menu, léchage de babouches et serrage de paluches. Le ministre de l'intérieur français a parlé d'un climat "très cordial" et "amical". Il a vanté "l'expérience" et les "avis" du président algérien, qui l'a "autorisé", le matin, à se rendre au monastère de Tibéhirine, où sept moines français avaient été assassinés en 1996. M. Sarkozy s'est aussi d'ailleurs félicité du traitement digne d'un chef d'état qui lui a été réservé. Une vraie caricature des guignols, on sent bien la bassesse de l'individu. Félicitations au petit nicolas qui a eu droit a son tour de manège gratuit. Une petite visite d'état comme Chichi.

De son coté le petit Abdelaziz brille surtout par ses absences. Il prospère sur du vide. La vie politique algérienne est paralysée. Les dossiers les plus sensibles sont en suspens. Les reformes importantes sont oubliés. Le tout entrecoupé par des disparitions mystérieuses et des réapparitions pour "rassurer les algériens", selon l'écoeurant El Watan. Thierry Oberlé, Grand reporter au service étranger du Figaro, livre une intéressante analyse.

La dernière grand-messe du pouvoir remonte maintenant au 4 juillet. En ce jour de fête de l'indépendance, le président algérien était intervenu pour annoncer la tenue avant la fin de l'année d'un référendum en vue d'amender la Constitution. À en croire les augures, la révision devait donner au chef de l'État les coudées franches pour proroger ses fonctions. Il était question de supprimer la limitation du mandat présidentiel à deux exercices. Élu une première fois en 1999, Bouteflika s'est fait réélire sans difficulté pour un second quinquennat en 2004. Une modification de la Constitution lui permettrait d'entrer dans une logique de présidence à vie, comme son voisin tunisien Zine el Abidine Ben Ali. Bouteflika peut compter dans son entreprise sur l'appui du FLN, l'ex-parti unique dont il contrôle l'appareil. Son secrétaire général et actuel premier ministre Abdelaziz Belkhadem ne peut qu'encourager l'initiative. Surtout si elle lui permet d'accéder à la vice-présidence et de s'imposer le jour venu en héritier.

Le 4 juillet, Bouteflika avait également pris soin d'élever au plus haut grade de l'armée le général Ahmed Gaïd Salah, chef de l'état-major des armées, le général Benabbès Ghaieziel, son conseiller militaire au palais présidentiel d'el-Mouradia sur les hauteurs d'Alger et bien sûr le général Mohammed Mediène, dit Tawfik, inamovible patron depuis 1990 du Département de renseignement et de sécurité (DRS), le tout-puissant bras politique de l'armée. La récurrente épreuve de force entre le chef de l'État et les militaires donnait l'illusion de s'estomper.

Mais, quelques jours plus tard, Abdelaziz Bouteflika disparaissait de la scène publique. Était-il à nouveau malade ? Soignait-il les séquelles de sa lourde opération à l'estomac pratiquée en novembre 2005 à Paris ? Où était-il ? À Alger ? À l'étranger ? La vacance de la première institution du pays alimentait les conversations. Les versions variaient d'un jour à l'autre. Fidèles à sa culture du silence, le sérail se taisait. « Il a droit comme tout le monde à un congé », lança le premier ministre Abdelaziz Belkhadem. En congé ? « Et si on l'avait mis en congé ? », se demanda la rue algérienne. Bouteflika réapparu comme si de rien n'était sur le devant de la scène en septembre après 50 jours d'absence. Puis le pays plongea dans la torpeur politique du mois de ramadan. Le pays vaque depuis à ses occupations. Le président aux siennes.

Quant au référendum, il est renvoyé aux calendes. « Ça va être difficile à organiser avant le 31 décembre », a prévenu voici quelques jours son ministre de l'Intérieur, Yazid Zerhouni. L'Algérie a pourtant l'habitude d'orchestrer des votes taillés sur mesure. Si l'Algérie montait des élections au Burundi, le président Zéroual serait automatiquement élu, disait une blague. Cette plaisanterie circulait dans les années 90, en pleine insurrection islamiste. Elle est toujours d'actualité. Alors, pourquoi un report ?

L'hypothèse d'un veto ou du moins de fortes résistances des « réseaux de l'ombre » à une présidence à vie est la plus probable. Depuis le reflux de la guérilla, les militaires ont pourtant regagné leurs casernes. Les plus anciens galonnés sont à la retraite et s'enrichissent grâce au boom de la rente pétrolière. Mais le DRS - l'ex-Sécurité militaire - veille. Dans ce pays de rumeurs, les milieux bien informés considéraient qu'il avait passé un accord avec Bouteflika pour assurer sa réélection en 2004. Le projet de révision de la Constitution a vraisemblablement modifié les équilibres. Il a fait entrer l'Algérie dans une zone de turbulence.



La Chronique du [CyberKabyle].

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