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12 décembre 2006

Zidane cire les babouches de Bouteflika


L'arrivée de Zidane à Alger prend la tournure d’une visite officielle, d’un chef d’Etat, à l'instigation des autorités françaises selon la dépêche de Kabylie, organisé par les services de la présidence algérienne selon les grandes agences de presses internationnales. L’Algérie reçoit en même temps le ministre de l’Economie, Thierry Breton, dont la présence passe presque inaperçue.
“Je suis heureux de retrouver la terre de mes ancêtres” titre la Dépêche de Kabylie sous la plume de la journaliste Kahina Oumeziani.
«Je suis heureux d’être aujourd’hui en Algérie, terre de mes ancêtres et accompagné de mes parents, c’est quelque chose de magique parce que c’est une chose qui ne s’est pas produite depuis 20 ans ».

C’est Zinedine Zidane qui a déclaré cela lors de son arrivée hier en Algérie, accompagné de ses parents.

Il a été chaleureusement accueilli par le ministre de la jeunesse et des sports, le ministre de l’emploi et de la solidarité nationale M. Djamel Ould Abbas, ainsi que toute la presse nationale et internationale à l’aéroport d'Alger.

Au cours de la visite de Zidane à Ath Amrane, sa maman, très émue depuis son arrivée, a pu enfin exprimer sa satisfaction, « je suis très fière de mon fils et de tous mes enfants, autant fière du peuple algérien pour son accueil auquel je m’attendais », le père de Zidane a exprimé quant à lui, sa jubilation de revenir dans son pays accompagné de son fils.

Djamel Ould Abbès indique que ; « C’est un programme de coopération entre la Fondation Zidane, Fondation de France et les fonds récoltés lors du match qui a opposé l’OM de Marseille à l’équipe de France 1998 ».

Le même responsable ne manque pas de signaler que « Zidane n’est pas venu uniquement pour le football mais aussi pour répondre aux besoins de ses petits frères et sœurs qui sont en détresse ».

Zidane affirme modestement à ce propos que « le plus important est de voir qu’il y a des structures qui se montent, et de savoir qu’il y a moins de gens qui sont à la rue, cela veut dire qu’il y a des gens qui s’en occupent et qui essayent d’améliorer le quotidien des personnes. Je suis le porte-parole de ce qui se fait aujourd’hui, j’ai envie d’associer particulièrement mes collègues qui étaient sur le terrain, le plus important est qu’on atous participé à ce petit projet ».

Quant au chanteur kabyle, Idir, qui accompagnait le joueur, il dira que « c’est un homme de qualité, qui est venu voir la terre de ses ancêtres accompagné de ses parents. Il vient simplement en sa qualité d’humain, il vient prendre la température de son pays et voir où sont les choses pour lesquelles il s’est investi. Concernant le côté politique, il en est très loin, ce n’est pas un bonhomme qu’on peut récupérer, aucun Etat du monde ne pourra le récupérer, parce que tout simplement c’est est un homme de cœur, il vient parce qu’il aime ce pays, il aime ses racines berbères. Il veut aussi rendre hommage à son père et l’honorer dans son pays »
Après ces propos lénifiants de la part du journal des freres Benyounes, convertis à l'aplat-ventrisme intégrale pour Bouteflika, une autre article propose une analyse plus fine de l'évênement. "Zidane Boutefliké", titre José GARÇON du quotidien parisien Libération.
Le premier voyage en Algérie depuis vingt ans de la star du foot, icône de la jeunesse locale, tourne à la visite d’Etat « confisquée » par le Président.

Tout est allé très vite, hier, à l’aéroport d’Alger.

L’accueil protocolaire prévu pour recevoir « l’enfant du pays » a volé en éclats et une quinzaine d’adolescents en survêtement aux couleurs du drapeau algérien ont dû quitter l’aéroport sans avoir approché leur idole.

La bousculade à l’apparition de la star ­ veste gris foncé et baskets blanches ­ aura été à la mesure d’un événement cent fois annoncé.

« Laissez-lui le passage », criait un ministre quasi écrasé par la ruée des photographes.

Protégé par une garde rapprochée de policiers en civil, Zinédine Zidane a été mis en sécurité dans le salon d’honneur.

Poussé avec ses parents dans une voiture banalisée aux vitres teintées, il a ensuite disparu sans avoir pu parler à la presse.

Le « pèlerinage sur la terre de [ses] parents » de l’ex-capitaine des Bleus, icône et fierté de la jeunesse algérienne, venait d’être transformé en visite de chef d’Etat.

A la grande satisfaction du président algérien, qui rêvait d’être l’artisan du « retour » de Zidane dans un pays où il n’a pas mis les pieds depuis vingt ans, mais où ses parents, originaires de Kabylie, viennent régulièrement.

Cette visite aura été monopolisée par Abdelaziz Bouteflika avant même que l’avion de la présidence transportant le champion du monde ne s’immobilise ­ fait rarissime ­ devant le salon d’honneur de l’aéroport.

Binationaux. Les canaux diplomatiques français et algériens se sont mis en branle dès juillet, quand Zizou a fait part de son intention de se rendre en Algérie. Bouteflika, qui ne cache pas son peu d’inclination à l’égard de la langue berbère, s’est fendu d’un message traduit en tamazight pour congratuler le footballeur après le coup de tête lors de la finale de la Coupe du monde : « Vous avez réagi d’abord en homme d’honneur. »

Depuis, ministres et dignitaires, oubliant la défiance présidentielle à l’égard des « binationaux », répètent que Zidane est « l’invité du chef de l’Etat » et que son agenda comporte un « programme spécial » avec lui.

Des associations, qui avaient alerté la star contre « l’utilisation que le pouvoir voulait faire de sa venue », ont été prises à partie. Hier, le quotidien l’Expression, proche de la présidence, jugeait même « pas du tout anodine » l’arrivée de Zizou le jour du 46e anniversaire de la première grande manifestation populaire, organisée le 11 décembre 1960 par le FLN à Alger, en pleine guerre d’Algérie !

Humanitaire. On est donc loin de la volonté exprimée par le héros de placer sa visite de cinq jours « loin de tout protocole » à Aguemoun, son village d’origine en Kabylie, et dans un cadre humanitaire : il doit inaugurer des équipements médicaux et sanitaires dans la région de Boumerdès, où un séisme a fait, 2 300 morts et plus de 11 000 blessés le 21 mai 2003.

Entre inaugurations officielles et dispositif policier laissant peu de place au contact, les jeunes Algériens, ou du moins ceux qui pourront se procurer un billet, devront sans doute se contenter de faire un triomphe, jeudi, à leur héros, quand il donnera le coup d’envoi d’un match entre l’USM Alger et la JSM Béjaïa dans l’immense stade du 5-Juillet.

Une maigre consolation pour tant de rêve.


La Chronique du [CyberKabyle].

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